ANALYSES

Coronavirus : comment une pneumonie ralentit l’économie mondiale

Presse
3 février 2020
Interview de Francis Perrin - TV5-Monde
À quel point un virus comme le n-Cov  peut-il affecter l’économie de la seconde puissance mondiale, la Chine ?

Le coronavirus ne peut pas mettre à genoux l’économie chinoise, c’est impossible. Mais il va ralentir la croissance chinoise, puisqu’il impacte directement des secteurs de l’économie, comme celui des transports. C’est évidemment un secteur clé, il n’y a pas de croissance sans transport des personnes et des marchandises. L’effet à court terme est significatif. Cela ira dans le sens d’un ralentissement qui était déjà à l’œuvre dans l’économie chinoise. Depuis une trentaine d’années, on n’avait jamais vu une croissance aussi faible du PIB, le produit intérieur brut, qu’en 2019. Au niveau mondial, on en ressentira également les effets, puisque la Chine est la deuxième puissance économique mondiale après les États-Unis, certains disent même la première…

Les prix du pétrole sont orientés à la baisse depuis le début de l’épidémie. Pourquoi la Chine a-t-elle tant d’influence sur le marché pétrolier mondial ?  

C’est très simple. La Chine est le deuxième consommateur mondial de pétrole après les Etats-Unis. La Chine est également le premier importateur mondial de pétrole brut. Par ailleurs, les mesures pour lutter contre la propagation de ce virus se traduisent par un coup d’arrêt dans le domaine des transports. Or dans la plupart des transports, on consomme essentiellement des carburants pétroliers. Sur les marchés, les tradeurs ont réagi très rapidement, en jouant le pétrole à la baisse, c’est le cas sur toutes les grandes places financières où le pétrole est côté, depuis plusieurs jours. Mais cela aura un impact sur le secteur des matières premières agricoles et de l’industrie minière également.

Pourquoi le pétrole a-t-il un tel pouvoir sur l’économie mondiale ?

C’est la première source d’énergie consommée dans le monde. C’est à peu près un tiers de la consommation mondiale d’énergie. Personne ne peut s’en passer. Nous sommes certes en période de transition énergétique, mais les énergies renouvelables hors hydroéléctricité ne représentent encore que 4% de l’énergie mondiale. Il y a donc des liens étroits entre l’économie mondiale, sa croissance et le marché pétrolier. Et il y a donc, dans l’autre sens, entre l’évolution du cours du pétrole et du marché pétrolier, des tensions sur ces marchés, l’économie mondiale et la géopolitique. C’est une relation qui va dans les deux sens. Ce n’est pas unilatéral.
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