ANALYSES

Hausse de 30% des prix du pétrole en quelques semaines : le retour du déclencheur de la crise des Gilets jaunes ?

Presse
28 février 2019
Interview de Francis Perrin - Atlantico
Comment expliquer une telle variation dans un temps aussi réduit ?

Cette forte remontée des prix s’explique par la conjonction de quelques facteurs clés:
– L’OPEP (14 pays) et dix pays non-OPEP dont la Russie ont commencé à réduire leur production pétrolière à partir du 1er janvier 2019. L’objectif est de retirer 1,2 million de barils par jour (b/j) du marché, dont 800 000 b/j par l’OPEP et 400 000 b/j par les pays non-OPEP.
– Du fait des sanctions américaines, les exportations de pétrole de l’Iran devraient continuer à baisser à l’avenir.
– L’économie du Venezuela continue à s’effondrer et sa production pétrolière devrait encore baisser en 2019.
– Les marchés pétroliers sont actuellement assez optimistes sur l’évolution des négociations commerciales entre les deux plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine. Un accord entre ces deux pays éloignerait le risque d’une guerre commerciale et serait positif pour la croissance économique mondiale et, donc, pour la consommation pétrolière.
– Les stocks pétroliers ont fortement baissé aux Etats-Unis au cours de la semaine dernière, ce qui a eu un impact haussier sur les cours de l’or noir.

Alors que les prix à la pompe, en France, avaient été l’élément déclencheur de la crise des Gilets jaunes, quel est aujourd’hui le risque de voir ces mêmes prix retrouver des niveaux « contraignants » pour les consommateurs français ?

L’augmentation des prix du pétrole brut depuis le début de l’année a d’ores et déjà entraîné une hausse des prix des carburants à la pompe. Pour l’instant, on est encore loin des prix du brut constatés au début octobre 2018, peu de temps avant le début du mouvement des  »Gilets jaunes » en France. Le pétrole Brent de la mer du Nord était alors monté jusqu’à $85 par baril environ. Le 26 février en fin de journée, ce prix était de $66/b. Mais la hausse actuelle des cours n’est clairement pas une bonne nouvelle pour les autorités françaises même si celles-ci ont renoncé à l’augmentation des taxes sur les carburants qui était prévue au 1er janvier 2019. On comprend aisément la grande prudence du président Emmanuel Macron sur la taxe carbone. Le sujet est potentiellement explosif.

Peut-on d’ores et déjà anticiper les évolutions à court moyen terme des prix du baril, pour anticiper également ce qui pourrait se produire au niveau du consommateur final ?

Il est impossible de prévoir les prix du pétrole et, ce, même à court terme. Par contre, on peut mettre en évidence les principaux facteurs qui auront une influence significative sur les prix. Les éléments haussiers sont notamment l’augmentation de la consommation pétrolière mondiale, l’évolution de la production de l’OPEP, les difficultés auxquelles font face l’Iran et le Venezuela et les tensions au Moyen-Orient. Le principal facteur baissier est l’accroissement continu de la production de pétrole brut des Etats-Unis, qui vient de dépasser les 12 millions de b/j. Ce pays, qui est devenu le premier producteur mondial de brut devant la Russie et l’Arabie Saoudite, devrait poursuivre cette impressionnante progression en 2019 et 2020. Entre ces facteurs haussiers et baissiers, il y a les incertitudes sur la croissance économique mondiale, les négociations commerciales et un certain nombre d’évolutions géopolitiques.

Le prix du Brent s’est établi à $71/b en moyenne sur l’année 2018, son niveau le plus élevé depuis 2014. L’année 2019 a commencé assez fort mais les jeux ne sont pas faits.
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