ANALYSES

« Ce qui s’est passé historiquement aux Chagos est un scandale ! »

Presse
25 novembre 2017
Interview de Pascal Boniface - Le Mauricien
Le géopolitologue Pascal Boniface est fondateur et directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques. Ce passionné des relations internationales estime que « nous avons une obligation de nous intéresser à ce qui se passe hors de chez nous » et se dit « convaincu » que « la complémentarité des identités le remportera sur leurs oppositions ». Dans un entretien accordé au Mauricien, il aborde de nombreux sujets, du conflit israélo-arabe à la situation en Arabie saoudite en passant par la démission de Robert Mugabe à la présidence du Zimbabwe et la montée en puissance de la Chine dans le monde. Des Chagos, il dira que « ce qui s’est passé historiquement est un scandale ».

Dans vos écrits et vos interventions publiques, vous commentez l’ensemble des événements dans le monde au niveau des Affaires étrangères. Est-ce cela le rôle du géopolitologue  ?
Il y a plusieurs façons de l’être. Je ne suis pas un spécialiste de régions. Il y a des gens qui sont spécialisés sur les États-Unis ou la Russie, d’autres qui ont fait du domaine de l’industrie d’armement leur spécialité. Moi, j’étais au départ intéressé par les questions nucléaires et, au fur et à mesure, comme je dirige l’institut, j’ai commencé à toucher à tous les sujets. Il y a plusieurs façons de réaliser ce travail. Je suis donc devenu généraliste. Je lie les problèmes les uns aux autres. La spécialité que j’aurai et que j’ai développée depuis quelque temps, c’est d’étudier la géopolitique du sport.

N’est-ce pas un métier très proche du journalisme  ?
Nous travaillons sur la même matière. L’un et l’autre ont une fonction pédagogique, celle d’informer le public. Mais on le fait dans des cadres différents. Je trouve qu’il y a de très bons journalistes mais aussi de très mauvais. De même qu’il y a de très bons géopolitologue et de très mauvais aussi.
On fait le même métier que les journalistes qui travaillent sur les questions internationales, et avec qui, d’ailleurs, on est fréquemment en contact. Nous recevons des informations que d’autres n’ont pas. L’intérêt de ce type de fonction est de confronter les expériences et de voir ce qu’on peut apporter. Je participe souvent à des débats avec des journalistes sur des questions géopolitiques et j’apprends à chaque fois de leurs réflexions et de leurs expériences. J’ose espérer qu’il en est de même pour eux.

On parle également de prophètes des temps modernes…
Non. Il faut savoir rester à son niveau et la géopolitique n’est pas une religion. C’est une science qu’il faut essayer de découvrir et d’interpréter. Plus qu’un prophète, on peut parler d’analyste. On essaye d’effectuer un état des lieux et d’en tirer des conclusions pour l’action. On peut de temps en temps avoir de bonnes intuitions et des analyses qui sont vérifiées par les faits, mais cela ne fait pas de nous des prophètes.

En lisant vos écrits, on ne peut nous empêcher de conclure que la politique internationale est en mutation permanente…
Elle l’est depuis assez longtemps. Ce qui est certain aujourd’hui pour la géopolitique, comme pour d’autres domaines du savoir, c’est qu’il y a une accélération du temps. En 1317, on pouvait savoir comment serait le monde en 1350. Aujourd’hui, qui peut dire ce que sera le monde en 2050  ? Personne, parce que c’est tellement loin.
Et ceux qui font de la prospective sur 30 ans savent que ce qui était possible au début du 20e siècle ne l’est plus maintenant. C’est pareil dans le domaine de la science ou dans celui de l’art. On est témoin d’une accélération. Les progrès technologiques sont tellement rapides qu’ils ont des conséquences géostratégiques. On peut faire des évaluations à court et moyen termes. Le faire à long terme devient de plus en plus difficile et risqué.

On parle de plan de 2050. Est-ce que l’élaboration de plans à long terme est possible aujourd’hui  ?
Cela ne me paraît pas très sérieux. Il faut donner des perspectives. Comme le temps s’accélère, le défaut de notre génération – et je le vois parmi nos étudiants – est que les jeunes sont mieux informés que lorsqu’on avait leur âge, mais ils ont moins le sens du temps long que l’on pouvait avoir, du fait qu’on est toujours dans la réactivité. Et lorsqu’on est dans la réactivité, on a du mal à prendre du recul et à avoir une perspective sur le long terme. Faire des plans à long terme a le mérite de mieux situer les choses dans le temps long, mais pour faire un plan de prospective sur 30 ans, il faudrait des fois relire ce qui était écrit, et on voit que ce n’est pas possible. Faire des plans de quatre ou cinq ans est par contre possible et sérieux.

Vous publiez annuellement la revue « L’année Stratégique ». Qu’est-ce qui a dominé 2017 sur le plan géopolitique dans le monde  ?
Il y a un tas d’événements importants. Peut-être de façon symbolique la confirmation des pouvoirs de Xi Jinping, qui a pris les rênes de la Chine et qui est sûr à la fois de son pouvoir et de son pays, et l’élection de Donald Trump, dont l’intronisation en janvier dernier a introduit beaucoup d’incertitudes. Avec cette passation de pouvoirs, il est symptomatique de voir un discours de replis sur soi des Américains, qui veulent ériger un mur à la frontière du Mexique, un mur aérien pour empêcher les citoyens de certains pays de venir dans leur pays, et ensuite un mur commercial.
De son côté, Xi Jinping, au sommet de Davos, s’est fait le chantre de la globalisation et du libre-échange alors qu’il est à la tête d’un pays communiste. On voit bien que la course est lancée entre les États-Unis et la Chine, qui se prépare, peut-être d’ici une génération, à prendre la première place comme puissance mondiale.

Vous êtes également intéressés par ce qui se passe au Moyen-Orient, notamment en Arabie saoudite…
Effectivement. On a là un jeune prince héritier qui est l’homme fort du régime et qui prend des mesures très radicales, et peut-être trop radicales. Il en prend sur le plan intérieur en vue de projeter une image moins rigoriste et peut-être moins déstabilisatrice de l’islam mohabite. Le fait que les femmes puissent conduire représente un progrès. On souhaite que cela réussisse. On voit également qu’il a fait taire ceux qui pouvaient s’opposer à la lutte contre la corruption. Mais c’est assez contradictoire de vouloir ouvrir un pays et d’en enfermer les opposants.
Au niveau international, son dynamisme est un peu aventuriste. Qu’il s’agisse de ce qui se passe au Yémen, qu’il s’agisse du “Qatar ban” ou qu’il s’agisse de ce qui s’est passé au Liban… A ce propos, qu’un Premier ministre démissionne est tout à fait normal, mais annoncer sa démission dans un pays étranger n’est en revanche pas un acte de souveraineté. Dans sa confrontation avec l’Iran, il veut affirmer son pouvoir, mais sur tous ces points, on peut se demander si son action n’est pas contre-productive et s’il ne permet pas à l’Iran de marquer des points. En effet, il a poussé le Qatar un peu plus près de l’Iran tandis que le Hesbollah, lui, a été renforcé et semble défendre la souveraineté du Liban, alors que la crise humanitaire qui se produit au Yémen est tout simplement terrible.

Les responsables des Affaires étrangères ont-ils intérêt à suivre ce que fait l’Arabie saoudite au niveau international  ?
L’Arabie saoudite a toujours été problématique dans la mesure où elle a toujours été un pays lié aux Occidentaux. Mais son système interne est très éloigné de ce que veulent les Occidentaux. L’Arabie saoudite a une diplomatie religieuse consistant à exporter sa vision de l’Islam très particulière, qui n’est pas partagée par tous les musulmans. En même temps, on est lié à ce pays du fait de son importance sur l’échiquier stratégique.
Par rapport à ce jeune prince héritier, il est important qu’il réussisse s’il veut ouvrir plus son pays. Peut-être devrait-il modérer son agressivité extérieure car la montée des tensions dans la région n’est bonne pour personne. Cette région est déjà une poudrière. Personne ne sortira gagnant d’une confrontation ouverte entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

Quelle leçon peut-on tirer de l’épisode syrien ? Est-ce la fin de Daesh  ?
Non, on n’arrive pas à la fin de Daesh, et encore moins à celle du terrorisme. Par contre, on s’achemine vers la fin de Daesh ayant une emprise territoriale. Mais cela ne veut pas dire que l’organisation va disparaître parce que les causes ayant suscité sa création n’ont toujours pas disparu. On subit encore les résultats catastrophiques de la guerre en Irak, en 2003, une politique qui n’est pas assez inclusive des autorités chiites par rapport au sunnite, et puis la répression de Bachar al-Assad, qui a poussé dans les bras de Daesh des musulmans sunnites qui pensaient que, face à cette répression, ils n’avaient d’autres alternatives que de combattre de la façon la plus violente possible le pouvoir en place.

Il y a toujours la lutte en vue de la création d’un État palestinien  ? Sommes-nous éloignés de cet objectif  ?
Des fois, on se demande si la création d’un État palestinien n’est pas un peu comme l’horizon. Plus on s’en approche et plus il s’éloigne. On se demande si matériellement, vu le grignotage des territoires palestiniens par la colonisation israélienne, s’il est encore possible à créer.
Le paradoxe est qu’on connaît tous la solution aux conflits : un État palestinien vivant en paix aux côtés d’Israël et Jérusalem partagé. Les Israéliens estiment que le temps joue pour eux et que les Palestiniens vont se lasser, qu’ils sont en situation de faiblesse et que l’absence de réelles pressions internationales sur eux peut leur éviter de faire la moindre concession. Ils sont en position de force par rapport aux Palestiniens et ne veulent pas céder de territoires, et encore moins sur Jérusalem. Ni les États-Unis ni les pays occidentaux, ni même les pays arabes, ne sont en mesure de vouloir faire pression sur les Israéliens. S’il y avait une vraie pression internationale sur Israël, l’affaire serait réglée depuis longtemps.

L’Europe est également en ébullition. Il y a le Brexit, la crise catalane, Merkel qui est en difficulté en Allemagne… Quel regard jetez-vous sur tout cela  ?
Le Brexit est une catastrophe pour la Grande-Bretagne, mais pas pour l’Europe. Les Britanniques commencent à payer le prix cher du Brexit. Même si la livre ne fait pas partie de la zone euro, elle a chuté de 13% par rapport à l’euro. La vie s’est renchérie et la compétitivité de l’économie britannique est moins forte. Au niveau des négociations commerciales, tous les accords qui passaient par l’Union européenne devront être revus avec l’ensemble des pays. L’Union européenne face à la Chine peut peser. La Grande-Bretagne face à la Chine pèsera moins.
Ce qui est plus problématique, c’est la panne en Allemagne. Emmanuel Macron comptait réunir le couple franco-allemand pour relancer l’Europe. L’Allemagne, elle, était soulagée de l’élection d’Emmanuel Macron, vu qu’il y avait une sorte de volonté de relance exprimée par le couple Merkel-Macron. Normalement, Angela Merkel devrait être renforcée en septembre avec un nouveau mandat. Elle est plutôt affaiblie puisqu’elle n’a pas été en mesure de former un gouvernement. Toutefois, on entre dans une période d’incertitude, on ne sait s’il y aura un gouvernement minoritaire, s’il y aura d’autres élections ou s’ils vont retarder cela.
Pour résumer, le Brexit ne gêne pas l’Europe, puisque les Britanniques ont constamment été un frein plus qu’un moteur dans la construction européenne. Par contre, les événements en Allemagne constituent un vrai coup dur. Ils arrivent à un moment clé alors que l’on attendait un redémarrage de l’Union européenne, qui sera retardé de quelques semaines, voire quelque mois.

L’Union européenne serait-elle en danger  ?
Il y a toujours eu des dangers sur l’Union européenne, qui s’en est toujours bien sortie. La construction européenne est une suite incessante d’accélérations et de coups d’arrêt. Plusieurs problèmes se sont posés à l’Europe et plusieurs pays ne jouent pas le jeu européen. Je pense à la Pologne et à la Hongrie, qui arborent par rapport à l’étranger une conception qui s’éloigne des valeurs européennes.
Par rapport à tous ces dangers, il aurait fallu un solide couple franco-allemand. La faiblesse vient là où on ne l’attendait pas puisqu’Angela Merkel, il y a encore quelques semaines, passait pour la maîtresse de l’Europe alors qu’aujourd’hui, elle se retrouve en difficulté.

Les Etats-Unis restent donc maîtres du monde ?
Qui dit première puissance mondiale ne veut pas dire maître du monde. Les Etats-Unis n’arrivent pas à imposer leur volonté sur une série de dossiers, notamment sur l’Iran, Israël, la Chine, la Corée du Nord, la Syrie, la Russie, etc. D’ailleurs, le slogan de Donald Trump, « Make America Great Again », démontre implicitement que les Etats-Unis ne sont plus aussi puissants qu’auparavant. Dans un monde globalisé, même les pays les plus importants n’arrivent plus à dominer le monde.

À l’heure où nous parlons, le président Mugabe vient de démissionner de la présidence zimbabwéenne. Comment accueillez-vous sa démarche ?
On peut penser que ce n’est pas tout à fait volontaire et que le scénario qu’il envisageait était plutôt de donner les rênes du pouvoir à son épouse, ce qui aurait été une catastrophe supplémentaire pour un pays qui a déjà beaucoup souffert. Après avoir été un héros national, il a été un désastre national. C’est assez pathétique de voir quelqu’un ayant incarné la lutte pour l’indépendance, contre l’apartheid, etc. se transformer en tyran et, surtout, en quelqu’un qui a ruiné son pays. On ne peut que se féliciter de son départ du pouvoir. Ce qu’on peut craindre par contre, c’est que les militaires ayant pris ce pouvoir veuillent changer Mugabe sans changer le système et qu’ils continuent de piller le pays pour préserver leur part du gâteau sans le distribuer à l’ensemble des nationaux zimbabwéens. Le Zimbabwe, qui a beaucoup d’atouts, est hélas un « fail state ». Ce qui a forcé une partie de sa population à fuir vers l’Afrique du Sud. C’est une catastrophe parce que les habitants de ce pays méritent autre chose. Espérons que les militaires seront patriotes et ne se comporteront pas comme des gens voulant simplement s’accaparer le pouvoir et les richesses de ce pays.

On parle de l’émergence de l’Afrique. Comment voyez-vous l’Afrique se situer sur le plan international ?
Je vois un vrai changement par rapport à la période précédente. Il y a une vingtaine d’années, à l’époque de “l’Afro-pessimisme”, les dirigeants économiques et politiques français commençaient à se désintéresser de l’Afrique. Le continent était vu comme celui de la guerre civile, du sida, de la corruption, du non-développement, des dictatures, etc. Mais aujourd’hui, le paysage a considérablement changé. On est passé de “l’Afro-pessimisme” à “l’Afro-optimisme”. Bien sûr, il y a le Zimbabwe, la RDC, la Somalie… Maurice a été un pays pionnier entre 1960 et 1990 et était le seul pays qui changeait de pouvoir par le biais des urnes. Aujourd’hui, une quarantaine de pays le font. La démocratie gagne du terrain. Le continent africain connaît une croissance moyenne de 5% par mois. Il y a moins de conflits qu’auparavant. L’Afrique est entrée de plain-pied dans la globalisation, ce qui constitue un changement fondamental au cours des 25 dernières années. L’Afrique doit pouvoir maintenant maîtriser ses défis sur le plan démographique. Mais le nombre d’Africains qui est sorti du seuil de pauvreté est impressionnant.

À Maurice est au coeur de l’océan Indien, où il existe une compétition entre l’Inde et la Chine. Qu’en pensez-vous ?
Maurice est au carrefour de ces changements. Vu les changements entre la Chine et l’Afrique, Maurice bénéficie de la croissance aussi bien de l’Asie que de l’Afrique. Elle profite surtout de sa stabilité politique et démocratique, qui est un atout, ainsi que d’un système éducatif performant, contrairement à l’Afrique. Globalement, il n’y a pas de menace stratégique extérieure pour Maurice. Lorsqu’on regarde la situation de Maurice, il y a beaucoup de raisons d’être optimistes.

Est-ce qu’un sujet comme les Chagos vous intéresse ?
Oui, parce que ce qui s’est passé historiquement est un scandale. Même à l’époque où cela se passait, c’était déjà scandaleux. C’est arrivé alors que le colonialisme avait pris normalement fin et, donc, cette situation, ce déni de justice par rapport aux habitants des Chagos, est tout simplement ahurissant. Les Britanniques et les Américains, plutôt que de donner des leçons démocratiques aux pays du tiers-monde, devraient faire une autocritique de la souffrance et de l’injustice qu’ils ont fait subir aux habitants des Chagos.

Au-delà de votre riche connaissance en matière de relations internationales, vous vous intéressez à la situation au niveau du football. Pourquoi ?
J’ai toujours adoré le football. En 1997, j’avais proposé à deux éditeurs un livre sur le football et les relations internationales. Ils avaient considéré qu’il n’y avait aucun rapport entre les deux. Pourtant, on voit chaque jour que ce sport est au centre de questions internationales par l’importance sociétale et médiatique qu’il a, notamment à travers la façon dont Xi Jinping s’intéresse au football ou la coupe du monde, qui aura lieu en Russie, mais aussi avec l’achat par le PSG à travers des fonds qatari d’une star brésilienne pour conquérir le marché asiatique. Les grandes stars du football sont d’ailleurs devenues les citoyens les plus connus du monde. Par exemple, très peu de personnes à travers le monde connaissent António Luis Santos da Costa, le Premier ministre du Portugal, mais en revanche tout le monde connaît Cristiano Ronaldo. Le football est la face heureuse de la mondialisation. Globalement, il fait plus de bien que de mal. C’est une sorte de langage universel et cela crée un lien de conversation parce que chacun à en mémoire les actions de Pelé, le style de Platini, etc. Cela crée un vouloir vivre collectif et crée des liens.

On avait constaté à un certain moment une montée du nationalisme à travers le monde. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Je pense qu’on vit dans un monde où les identités sont multiples. On peut ainsi aussi bien être de Port-Louis, être Mauricien et citoyen du monde, comme on peut être Parisien, Français et citoyen du monde. Ce n’est pas exclusif. Je pense que la complémentarité des identités le remportera sur leurs oppositions.
On vit dans un mode en mutation. Ce qui se passe à l’extérieur n’est pas extérieur. Dans un monde globalisé, ce que se passe à Maurice peut atteindre la France, et inversement. Les frontières existent toujours mais il y a une interdépendance qui n’a jamais été aussi forte. Nous avons une obligation de nous intéresser à ce qui se passe hors de chez nous.
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