ANALYSES

François Hollande à Cuba : les raisons d’une visite historique

Presse
11 mai 2015
Pour la première fois, un président français est en visite à Cuba. Pourquoi aucun dirigeant français ne s’est rendu sur l’île auparavant ?
Pendant la Guerre froide, aller à Cuba aurait compliqué les relations avec les Etats-Unis. Par la suite, la France a néanmoins reçu Fidel Castro en 1995. C’était à la toute fin du second septennat de François Mitterrand. Après la crise d’Irak, Nicolas Sarkozy avait envisagé de se rendre sur l’île mais il a été rattrapé par la guerre en Libye. Ce voyage a donc été repoussé jusqu’à cette année. L’annonce du rapprochement entre Washington et Cuba, après 65 ans d’embargo, a néanmoins accéléré cette visite officielle.

Au delà de l’aspect historique, quelle est la symbolique de ce déplacement ?
Cette visite est certes historique sur le fond mais elle vient surtout confirmer les bonnes relations que la France et Cuba entretiennent. Le voyage officiel de François Hollande vient consacrer cet état de fait et intervient en 2015 au moment où l’île va s’ouvrir aux Etats-Unis. Le président a choisi de s’y rendre pour avoir un effet d’entraînement, les partenaires européens, principalement les pays nordiques, étant fortement réservés sur ce processus de normalisation depuis le 17 décembre dernier.
Le rapprochement historique entre La Havane et Washington sera en toile de fond. Quel message veut faire passer François Hollande ?
Le président français veut faire comprendre aux Cubains que normaliser dans un délai proche leurs relations avec les Etats-Unis est une avancée importante mais qu’ils ne doivent pas oublier que la France les a aidés à survivre pendant l’embargo. Cuba occupe une place centrale dans les Antilles mais sa position stratégique sera encore plus renforcée avec la perspective de la levée de l’embargo américain. Sur le plan purement économique, il s’agit aussi de donner une impulsion et de préserver les acquis français.

La présence française est-elle importante à Cuba ?
La France n’est effectivement pas le premier partenaire économique de Cuba, loin derrière la Chine ou le Venezuela mais elle est déjà bien présente à Cuba et a la possibilité de mieux faire dans le secteur agricole, touristique et de la santé par exemple. Les visées de cette visite seront économiques pour les patrons qui accompagnent François Hollande. Air France et Accor, déjà présentes à Cuba, sont attirées par le développement touristique de l’île où se rendent chaque année quelque 100.000 Français. Le but pour François Hollande est de préserver les entreprises françaises à Cuba qui est un marché de plus de 11 millions d’habitants en devenir. Pour toutes ces entreprises , la concurrence sera rude et agressive, autant se préparer dès maintenant.
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