ANALYSES

« Son successeur incarnera l’EI de la même façon »

Presse
12 juillet 2017
Interview de Pascal Boniface - La Depeche
La mort d’Abou Bakr al-Baghdadi aura-t-elle un impact sur l’organisation en Syrie et en Irak ?

La mort de leur leader ajoutée à la perte des territoires est un coup dur. Mais ça ne changera pas le fait que l’organisation continuera ses actions terroristes, et l’idéologie reste la même. L’organisation est seulement plus dispersée dans son fonctionnement mais elle continue de se déplacer sur plusieurs pôles stratégiques.

Sa mort sera-t-elle source de démotivation pour les jihadistes français internationaux pour se rendre en Syrie ?

Non, je ne pense pas. Même si la motivation de ces futurs jihadistes réside entre autres, en la figure du chef suprême. Mais les motifs de ces mobilisations ne sont pas uniquement résumés à Abou Bakr al-Baghdadi, il reste l’idéologie de l’organisation. Ce qui réduit le flux de candidats au jihad, c’est plutôt la perte de territoire de l’organisation.

Le chef de l’organisation avait-il préparé sa succession ?

Sûrement. Leur organisation est très verticale. Mais le statut du chef n’est pas déposé, ce ne sont pas des primaires. Al-Baghdadi a dû désigner son successeur, tout comme Ben Laden s’est fait remplacer par al-Zawahiri pour prendre la tête d’Al-Qaïda. Mais pour le moment, c’est impossible de connaître son nom. Ce qui est sûr, c’est qu’il incarnera l’organisation de la même façon qu’al-Baghdadi.

La mort a été annoncée par l’organisation elle-même, l’État Islamique aurait-il intérêt à mentir ?

Non, pas du tout. C’est un signe de faiblesse. Ce serait illusoire de penser qu’ils auraient inventé la mort de leur chef.

Propos recueillis par Maud Calvès
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