ANALYSES

Brésil : « Il y a un risque d’explosion sociale »

Presse
19 mars 2016
La crise politique au Brésil a-t-elle un impact sur sa situation économique ?
Bien sûr et cela se voit déjà. Les agences de notation financière ont dégradé le pays, ce qui entraîne un renchérissement de sa dette. Les investisseurs, qui ont besoin de stabilité politique se méfient et hésitent à investir. L’impact est difficilement quantifiable pour I’instant, mais la crise économique que traverse le Brésil depuis plusieurs années ne peut que s’aggraver.

Y a-t-il un risque d’explosion sociale ?
Si la crise se poursuit, ce risque existe et on ne peut même pas exclure une explosion violente Les Brésiliens les plus pauvres, qui ont pu bénéficier des politiques sociales de Dilma Rousseff et de son prédécesseur Lula, restent dans une situation très fragile. Or le Brésil prend de plein fouet la chute mondiale des cours des matières premières notamment agricoles, le ralentissement de l’économie chinoise, premier partenaire commercial du pays mais aussi la stagnation européenne. Et la reprise aux Etats-Unis ne sera pas suffisante pour compenser ces facteurs dépressifs.

Les Jeux olympiques prévus cet été sont-ils menacés ?
Je ne crois pas qu’il y ait un risque dans ce domaine. Mais la crise politique est de nature à s’accélérer et à s’approfondir. L’opinion publique est très en colère contre l’ensemble de la classe politique de droite comme de gauche. Dilma Rousseff, en outre, a été élue sur un programme social. Et contrainte de mener une politique de rigueur, ce qui suscite défiance et désillusions.

Le pouvoir peut-il encore tenir longtemps ?
L’opposition cherche à destituer la gauche au pouvoir par tous les moyens légaux. On assiste ainsi à une sorte de « coup d’Etat institutionnel ». Pour le moment l’opinion publique penche de ce côté. La question est de savoir si le retour au pouvoir d’une personnalité mythique comme Lula est de nature à remobiliser les classes populaires en faveur du gouvernement. Un retour à une stabilité politique est la condition sine qua non du redémarrage de l’économie.

Propos recueillis par Jannick Allimi pour Le Parisien-Aujourd’hui en France
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