ANALYSES

Attentats de Bruxelles : comment comprendre ces attaques?

Presse
23 mars 2016
Comment interpréter les attentats de Bruxelles ?
C’est une série d’attentats revendiquée par l’État islamique. Nous voyons qu’ils ont acquis une capacité technique suffisante pour frapper régulièrement des cibles lointaines, en Europe et ailleurs dans le monde. Le public accorde peu d’attention quand il y a vingt-cinq morts en Irak ou trente au Yemen, car nos médias européens le signalent à peine. En fait, l’augmentation de la capacité militaire des terroristes est en relation directe avec l’élargissement de leur recrutement. Leur message? Il suffit d’écouter ce qu’ils disent ou de lire ce qu’ils écrivent, y compris en français: ils nous punissent. D’abord pour une raison géopolitique. À leurs yeux, nous sommes les agresseurs, en particulier les Français pour avoir bombardé les premiers la Syrie. Ils nous punissent aussi moralement, considérant que nous sommes des mécréants. Selon eux, nous sommes les coupables.

Pourquoi cibler Bruxelles ?
D’une part, la Belgique est un foyer djihadiste, un lieu de recrutement. Il semblerait qu’à Molenbeek, il y avait des bases arrière, on l’a vu avec l’arrestation de Salah Abdeslam le 18 mars. Bruxelles est aussi le symbole des institutions européennes et du mondialisme qu’ils détestent, et auquel ils opposent d’ailleurs le mondialisme de l’islam. Il est fort probable que ces attentats visent à « rabattre notre caquet » après les déclarations un peu optimistes des ministres belges et français.

Ces attentats étaient-ils préparés d’avance ?
Nous n’avons pas toutes les informations, je réponds donc au conditionnel. Des personnes se connaissant et formées techniquement auraient-elles pu agir spontanément? En quatre jours, il me paraît difficile de monter des attaques de cette ampleur. Deux hypothèses. Soit une opération était programmée à cette date. Soit les repérages et l’organisation étaient prêts d’avance, et ils ont voulu agir au moment où les Français et les Belges triomphaient un peu.

Faut-il craindre une suite en France ?
Oui, le risque est élevé. D’autant plus qu’il y avait aussi des Franco-Belges dans ce groupe. Des frontières ont été franchies à de multiples reprises, y compris par Salah Abdeslam qui était d’ailleurs passé à travers un contrôle le soir du 13 novembre.

Le recul des positions de Daech de l’autre côté de la Méditerranée expliquerait-il la recrudescence des attentats en Europe ?
La position de Daech est moins bonne, et il faut bien le reconnaître, en grande partie grâce à l’intervention russe. L’État islamique recule territorialement. Ses troupes ont semble-t-il des défections et ne sont plus dans l’état triomphal affiché il y a un an. Mais elles ne sont pas encore vaincues sur le terrain. Rappelons que depuis deux ans les plus grandes puissances mondiales tentent de les combattre avec de très gros moyens. Daech a toujours un territoire, une monnaie, un calife. Certes, cette organisation recule, mais les membres de Daech peuvent chercher à étendre les combats à l’extérieur, vers la Libye par exemple. Ils disposent encore de milliers de partisans. Plus il y a de pressions sur leur territoire, plus ils vont être tentés de mener des actions extérieures.

Propos recueillis par Laurence Le Dren pour Notre Temps
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