ANALYSES

Les accords d’Oslo sont-ils morts ?

Presse
1 octobre 2015
Interview de Béligh Nabli - La Croix
Le dirigeant palestinien a déclaré qu’il ne serait plus lié par les accords avec Israël si l’État hébreu continuait de ne pas les respecter. Ces accords d’Oslo signés en 1993 ont créé une Autorité palestinienne qui devait s’effacer en 1999 pour laisser place à un État de Palestine qui n’a pas vu le jour. Pour la première fois, mercredi, le drapeau palestinien a été hissé au fronton de l’ONU à New York. Entretien avec Béligh Nabli, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).


« À la tribune de l’ONU, Mahmoud Abbas, au nom de l’Autorité palestinienne, s’est déclaré ne plus être lié par les accords conclus avec Israël. Une décision qu’il a justifiée par un constat : non seulement les engagements israéliens n’ont pas été respectés – comme la libération de prisonniers politiques, la fin de l’occupation et l’indépendance palestinienne –, mais Israël a continué sa politique de colonisation de la Cisjordanie. Cette violation de la lettre et de l’esprit des accords d’Oslo est à l’origine de leur caducité.

Avec le recul, on pourrait préciser que la vraie mort des accords d’Oslo date de 1995, avec l’assassinat politique du premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, par un extrémiste juif.

Un discours radical mais une marge de manœuvre limitée

Au-delà de la radicalité du discours du dirigeant palestinien, on peut s’interroger sur la traduction concrète de cette volonté de rupture. Celle-ci est à relativiser au regard de la faible marge de manœuvre d’une Autorité palestinienne dont la survie – y compris financière – dépend de l’État israélien et dont l’une des principales activités consiste à coopérer avec les services de sécurité et de renseignement israéliens.

C’est précisément cette coopération, plus que l’édification du Mur, qui a évité la survenue de nouveaux attentats en territoire israélien.

Les succès limités de la stratégie palestinienne

Aujourd’hui, l’essentiel de la stratégie palestinienne demeure d’ordre diplomatique et judiciaire. Cette stratégie a enregistré quelques succès, comme l’attestent le drapeau hissé à l’ONU, la multiplication de la reconnaissance internationale de l’État palestinien ou encore son offensive pour faire condamner les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI).

Reste que ce qui se dessine relève plus d’un État virtuel, ou symbolique, que d’un État souverain et viable. »
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