ANALYSES

Xi Jinping en Chine : le choc des géants ?

Presse
25 septembre 2015
Les commentaires américains du récent défilé militaire à Pékin, commémorant la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Asie, ont été « sensationnalistes, superficiels et surinterprétés » selon un universitaire chinois, Zheng Wang.

Il est vrai que la montée en puissance chinoise ne provoque pas, c’est le moins que l’on puisse dire, l’admiration des États-Unis. Voir défiler sur la place Tiananmen 12 000 soldats de l’Armée populaire de libération, et surtout des équipements aussi sophistiqués que les missiles DF-10, Dongfeng et DF-15B (courte portée), principalement destinés à démontrer la puissance chinoise vis-à-vis de ses voisins (Japon), voire au-delà, est de nature à renforcer la défiance de Washington.

La visite aux États-Unis du président chinois Xi Jinping, qui a démarré mardi, s’inscrit dans ce contexte bilatéral pesant, auquel il faut ajouter les cyber-attaques contre des entreprises américaines – dont la Chine est souvent accusée d’être à l’origine – et les tensions en mer de Chine du sud qui inquiètent particulièrement des pays comme le Vietnam ou les Philippines.

Et ce n’est pas du côté des entreprises ou des organisations non gouvernementales que l’on peut voir une lueur d’optimisme pour les relations sino-américaines : outre le refrain sur la contrefaçon, les multinationales américaines estiment que le marché chinois leur est de moins en moins favorable, alors que les ONG ne cessent de protester contre la nouvelle loi chinoise qui les obligera bientôt à déclarer l’ensemble de leurs activités aux autorités, si elles ne veulent pas se voir interdire l’autorisation d’opérer. Bref, le nationalisme chinois est omniprésent. Ajoutons à cela la répression des dissidents, parfois sous couvert de campagne anti-corruption, et un sentiment que la Chine cherche à asseoir son pouvoir régional à travers une diplomatie économique proactive : en début d’année, la création de la Banque asiatique pour les investissements dans les infrastructures (BAII) s’était faite aux dépens des États-Unis.

« Le nationalisme chinois est omniprésent »

Pour autant, Xi Jinping n’entend pas gâcher la fête : accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise chinois de haut vol (avec en tête Jack Ma, patron d’Alibaba), il s’est d’abord rendu à Seattle pour y rencontrer de grandes entreprises américaines (Microsoft, Boeing, Cisco) et terminera son voyage – du 26 au 28 septembre – par une présence médiatique à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies.

Entre-temps, les échanges bilatéraux auront eu lieu avec Barack Obama lequel, dix-huit mois avant son départ de la Maison Blanche, souhaite autant que possible apaiser les tensions en Asie. Alors que les crises se sont multipliées depuis quatre ans, du Proche-Orient à l’Ukraine, sans parler des problèmes économiques de l’Union européenne, Barack Obama et Xi Jinping doivent démontrer qu’ils peuvent outrepasser tensions et rivalités afin de débattre des vraies questions géostratégiques du moment : la montée du terrorisme, l’accord nucléaire avec l’Iran, les intentions de la Russie. En outre, une autre source de dispute pourrait voir le jour avec l’élection probable, en janvier, d’une candidate indépendantiste à Taiwan ce qui obligera Washington à réaffirmer son attachement à la politique d’« une seule Chine ».
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