ANALYSES

Vente des Rafale : « Les bons effets de la diplomatie américaine»

Presse
5 mai 2015
Dassault annonce de nouveaux contrats pour 2015. Pourquoi, ces déblocages soudains après de longues années de négociations ?
C’est le résultat d’années de prospection pendant lesquelles Dassault a été à la manœuvre pour essayer de vendre le Rafale. Même si cet avion a été conçu il y a longtemps, il reste dans la modernité. Contre lui, Il n’y avait plus qu’un concurrent, le Gripen (Saab) qui, depuis, a prouvé ses limites. L’Eurofighter n’est lui-même plus candidat à l’export. Il restait le F18 et le F35 américain à susciter encore des espoirs. Mais cet avion prend du retard, accroît ses coûts avec des transferts de technologie qui tardent aussi. Entre-temps, depuis la Libye en 2011, le Rafale est passé à des démonstrations pratiques et reste le seul avion multirôle en service. Aucun avion doté de telles fonctions n’est prévu à l’horizon. Même s’il n’a pas les caractéristiques du F35 ou du F22 de Boeing, du J20 ou du J 31 chinois, le Rafale fait à la fois de la reconnaissance, de la défense aérienne et de l’attaque au sol. C’est l’équivalent de trois avions, d’où l’intérêt pour les pays qui ont des flottes limitées.

Dans cette vente, la France ne doit-elle pas remercier Obama et son alliance avec l’Iran ?
On s’est retrouvés dans la même situation que lorsqu’on a commencé à exporter des Mirage dans les années soixante. À l’époque, nous vendions des avions à l’Inde, à l’Amérique du Sud, alors que nos avions étaient plus chers que leurs concurrents américains. Si ces contrats ont été conclus, c’est parce que ces pays ne voulaient pas être dépendants des États-Unis. Nous renouvelons la même situation. Il est intéressant aussi de constater qu’il y avait eu une brutale marche arrière causée par la décision du Général de Gaulle de décréter l’embargo sur les Mirage vendus à Israël. La conclusion fut un coup d’arrêt de nos ventes. Aujourd’hui, La France espère vendre à des pays opposés à l’Iran, et, de fait, les Sunnites déroulent le tapis rouge à François Hollande. La diplomatie française est plus sur le reculoir que les États-Unis et leur alliance avec l’Iran. Les Américains ont une position plus pragmatique en reconnaissant l’Iran comme un grand pays. Et les États-Unis n’ont pas grand-chose à vendre qui soit réellement adapté aux besoins des pays du Golfe. Permettez-moi de rappeler une chose : la France a hurlé contre l’existence de la peine de mort en Indonésie, mais que fait-elle sinon vendre des avions de chasse à des pays qui appliquent cette sentence ! Évitons la morale.

Reste que c’est une bonne nouvelle pour Dassault, Thales et Safran ?
J’espère que ce sera une bonne nouvelle. Faut-il que les Égyptiens honorent leur contrat ! Pour l’heure, on leur donne des avions en échange d’un prêt. Soyons objectifs jusqu’au bout sur les conditions de financement, car nous vendons à un régime qui n’est pas d’une solidité totale.
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