ANALYSES

Hong Kong : le mouvement pro-démocratie ne faiblit pas

Presse
30 septembre 2014
En quoi Hong Kong est-il un territoire spécifique ?

Hong Kong est une ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997. Depuis, ce territoire a le statut de région administrative spéciale et obéit au principe « un pays, deux systèmes ». Cela signifie que Hong Kong bénéficie d’une relative autonomie et fait partie de la Chine sans qu’on y applique les mêmes lois politiques et économiques. Ses habitants jouissent d’une liberté de parole inconnue sur le continent, mais Pékin contrôle largement la vie politique locale.

Que réclament les militants pro-démocratie de Hong Kong ?

Ils veulent que les deux prochains scrutins soient réellement démocratiques. La Chine a promis d’instaurer le suffrage universel direct pour l’élection du chef de l’exécutif en 2017 et celle du Parlement en 2020. Mais de nombreux Hongkongais doutent de ses promesses. De plus, seuls deux ou trois candidats sélectionnés par Pékin pourront se présenter. Je crois qu’il s’agit surtout d’un ras-le-bol général : les habitants de Hong Kong espéraient rester en dehors du système chinois qui est en train d’étouffer leurs libertés petit à petit.

Ces manifestations sont-elles de nature à inquiéter Pékin ?

Le pouvoir chinois ne supporte aucun mouvement global de contestation. Or, c’est ce qui est en train de se passer à Hong Kong avec le lancement d’une campagne de désobéissance civile. Pékin ne veut surtout pas revivre un événement de grande envergure semblable à celui de Tian’anmen. Pour éviter que ces manifestations fassent « le buzz », le gouvernement a d’ailleurs accentué sa censure sur les réseaux sociaux.

Selon vous, comment pourrait évoluer la situation ?

Le cas de Hong Kong est très spécifique : de fait, les conditions de vie des Hongkongais (libertés individuelles, économie) sont bien meilleures que sur le continent. Il n’y a pas de raison à un mouvement social de grande envergure. Pékin va sans doute annoncer des concessions de manière à désamorcer le mouvement – il n’est pas question de tirer sur la foule.

Le gouvernement chinois a tout intérêt à laisser pourrir la situation. C’est ce qu’il s’est passé à Tian’anmen : le mouvement s’est assez rapidement délité. Le soir du 3 juin 1989 (la veille de la répression du « printemps de Pékin », ndlr), il restait seulement quelques centaines de personnes sur la place, dont très peu d’étudiants pékinois.
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