ANALYSES

Corée du Nord : «ouverture ou radicalisation, tout est possible»

Presse
19 décembre 2011
Olivier Guillard - TF1News

Que peut-il se passer en Corée du Nord et en Asie après le décès de Kim Jong-il ? Son fils Kim Jong-un dirige-t-il désormais vraiment le pays ou est-il manipulé ? Les réponses de TF1 News avec Olivier Guillard, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques.


Que signifie la mort de Kim Jong-il pour la Corée du Nord, sur le plan interne ?

Pendant la période de deuil, jusqu’au 29 décembre, il ne devrait pas se passer grand-chose. Ensuite, comme toujours avec la Corée du Nord, il est très difficile de prévoir comment va évoluer la situation et comment va réagir l’architecture du pouvoir dans le pays. Celui-ci est organisé autour de quatre branches : la famille Kim et son entourage immédiat, l’appareil d’Etat, l’armée et le parti des travailleurs nord-coréens. Depuis la mort de Kim Jong-il, il se passe forcément des choses dans les coulisses : tout le monde se jauge et se teste. Il y aura donc un remodelage de l’équilibre des forces. Reste à savoir si cette période de transition brutale peut amener une ouverture progressive du pays ou une fermeture.


Sur le plan diplomatique, peut-on craindre une déstabilisation de la région ?

On savait depuis 2007 que Kim Jong-il était malade et que sa santé n’était pas bonne. En revanche, on ne savait pas qu’elle était si mauvaise. Tout le monde est donc très surpris, même pour les meilleurs observateurs de la situation comme les services secrets sud-coréens. Et c’est une mauvaise surprise, car, malgré tout, Kim Jong-il assurait la stabilité. Beaucoup espérait que la transition entre la 2e et la 3e génération de la dynastie Kim serait plus longue.


Tout comme sur le plan intérieur, il est impossible de dire pour l’instant si c’est une bonne ou une mauvaise chose tant la Corée du Nord est le régime le plus imprévisible qui soit. Elle peut très bien défier le monde, en procédant par exemple à un nouvel essai nucléaire ou en bombardant des îles sud-coréennes contestées. Ou, au contraire, opter pour une politique d’ouverture et de la main tendue à Séoul et à Washington en reprenant le dialogue. En attendant d’en savoir plus, la Corée du Sud et le Japon, et même la Chine, l’alliée du régime, ont tout intérêt à se préparer au pire.


Kim Jong-un, âgé de moins 30 ans, est-il prêt à gouverner ?

Ce qui est clair, c’est qu’il prend en main, sans aucune expérience, le pays qui est probablement le plus dur à diriger pour un chef d’Etat. Troisième fils de Kim Jong-il, il n’était pas prédestiné à devenir son héritier. Il a été nommé pour lui succéder par défaut car il n’avait, entre autres, pas de "casseroles" et qu’il ressemble physiquement à son grand-père Kim Il-sung. Depuis deux ans, il est entouré de personnages haut placés, comme sa tante et le mari de celle-ci, qui fait office de Premier ministre. Mais personne ne sait ce qu’il pense, s’il est compétent ni même s’il tient les rênes ou s’il est manipulé.

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