ANALYSES

Dans un monde globalisé, fermer les frontières c’est se tirer une balle dans le pied

Presse
12 mars 2012
Tribune de Fabio Liberti, directeur de recherche à l’IRIS

La visée électoraliste de la proposition de Nicolas Sarkozy est évidente. Il y a cinq ans, il a promis de réduire l’immigration illégale, aujourd’hui, il veut crédibiliser son propos et montrer que c’est aussi l’affaire de décisions européennes.


On peut sortir de l’espace Schengen, il suffit d’abolir la liberté de circulation des biens et des personnes aux frontières de la France. Mais dans le monde globalisé d’aujourd’hui, cela n’a pas de sens. C’est construire un mur autour du village d’Astérix! Fermer les frontières c’est aussi ralentir les flux et donc l’économie elle-même. C’est vraiment se tirer une balle dans le pied.


La traduction de la déclaration de Nicolas Sarkozy sur l’espace Schengen est simple: il dit qu’il y a trop d’immigration illégale en Europe. Mais il y a une contradiction dans son propos. S’il y a trop d’immigration illégale, c’est qu’il n’y a pas assez de contrôle aux frontières, et notamment pour les pays qui ont une frontière extérieure à l’Europe, comme la Grèce ou l’Italie. Chaque année il y a des dizaines de milliers d’immigrés clandestins qui passent en Europe par la frontière turco-grecque. La Grèce a-t-elle les moyens de rendre sa frontière perméable? Non. L’Etat grec n’a pas les moyens de contrôler ses propres impôts, alors il ne peut pas gérer ses frontières. Donc au lieu de dire, comme Nicolas Sarkozy, qu’il faut quitter l’espace Schengen, il vaut mieux européaniser le contrôle. Pour cela il faut davantage de budget européen, et donc davantage d’Europe. Punir les Etats qui gèrent mal leurs frontières n’est pas la solution, les premiers ministres grec, italien et espagnol vont tout de suite opposer à Nicolas Sarkozy qu’il faut, au contraire, renforcer la politique européenne d’immigration. Nous avons besoin de la solidarité européenne.

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