ANALYSES

Barack Obama remet chacun à sa place

Presse
17 octobre 2012
Barthélémy Courmont - Le Monde.fr

Rarement un deuxième débat entre les candidats à l’élection présidentielle américaine n’aura été autant attendu. Les difficultés de Barak Obama lors du premier duel, et la campagne relancée de Mit Romney à l’issue d’une prestation réussie, et confirmée par les multiples sondages (tant nationaux que locaux) organisés depuis expliquèrent bien sûr cet engouement. Déjà la semaine dernière, le débat opposant Joseph Biden à Paul Ryan fut l’objet de toutes les interprétations concernant la contre-offensive des Démocrates, et un Barack Obama offensif et concentré confirma non seulement que le premier débat fut mal préparé par le président sortant, mais aussi qu’il s’agissait d’une erreur de campagne à ne pas répéter. De fait, les premiers sondages confirment que le président sortant a inversé la tendance du premier débat.


C’est surtout dans sa capacité à remettre chacun à sa place qu’Obama se détermina constamment en position de force, en répondant aux questions sélectionnées d’électeurs non inscrits portant sur de multiples sujets, le plus souvent en relation avec la situation économique et sociale des Etats-Unis. Assumant son bilan et ses choix avec force, répondant clairement aux questions, bondissant à chaque contre-vérité développée par son adversaire, et rappelant sa responsabilité de commandant-en-chef de la politique étrangère américaine dans l’affaire Benghazi, Barack Obama était bien le président des Etats-Unis hier soir.


Souffrant d’une campagne républicaine relancée et d’un vote qui reste indécise, mais conforté par son avance dans l’Ohio (que Romney devra quoi qu’il arrive remporter s’il veut prêter serment en janvier prochain), le candidat démocrate replaça à nouveau les divergences économiques et sociales au coeur du débat, fustigeant les Républicains pour leur attitude partisane au Congrès, rappelant la situation de crise dans laquelle était plongé le pays lors de son élection en novembre 2008, et marquant ses différences avec un modèle économique et social qu’il juge inapproprié dans le contexte actuel. Il se servit en cela avec succès des questions posées par les électeurs, et évita les longues descriptions trop répétitives qui empoisonnèrent sa première prestation. Plus question cette fois de se montrer hésitant sur les succès et les échecs de son mandat, le président sortant était porteur d’un modèle économique et social, et les électeurs jugeront s’il répond à leurs attentes.


Barack Obama attaqua également avec vigueur le programme de son adversaire, pointant du doigt avec insistance les difficultés permettant de financer les baisses d’impôts, fustigeant les propos de Romney sur les 47 % (ce qu’il négligea curieusement lors du premier débat, et que Joseph Biden rappela répétitivement la semaine dernière), et repprochant à l’ancien gouverneur du Massachussetts de changer de discours au cours de la même campagne, en mentionnant ses prises de position lors des Primaires républicaines comme pour mieux insister sur son incapacité à tenir la barre une fois élu.


De son côté, Mitt Romney sembla accepter son statut de challenger tout au long du débat. Moins mordant que lors de leur premier duel, et en dépit d’une prestation très honorable, le candidat républicain n’est pas parvenu à se hisser au niveau de son adversaire. On le sentit même parfois contraint de se justifier sur certaines de ses déclarations, et de répondre à la question "qui êtes-vous vraiment, Monsieur Romney ?". Cela indique à n’en pas douter que celui sur qui peu d’observateurs misaient il y a encore quelques semaines est devenu un candiat crédible, mais il n’est pas encore suffisamment connu des électeurs, et son programme n’est pas suffisamment clair pour être perçu comme autre chose qu’une attaque légitime du bilan de son adversaire. Cela ne signifie pas qu’il a "perdu" le débat, mais le chemin reste encore long s’il veut s’imposer le 6 novembre.


A l’inverse du premier débat, il y avait bien hier soir une opposition entre un président sortant et un candidat de l’opposition.

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