ANALYSES

Chine: «Xi Jinping, c’est un changement dans la continuité»

Presse
7 novembre 2012
Interview de [Fabienne Clérot->http://www.iris-france.org/cv.php?fichier=cv/cv&nom=clerot], chercheur à l’IRIS, par Aurélie Delmas

Ce jeudi commence le 18e congrès du Parti communiste chinois (PCC). Au programme: la nomination du prochain président, Xi Jinping. Fabienne Clérot, spécialiste de la Chine à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), décrypte pour 20 Minutes ce qui va changer dans le pays le plus peuplé au monde.


Comment le futur président chinois est-il choisi?

Il n’y a pas d’élection au sens occidental du terme. Au cours du congrès, les délégués du parti vont nommer leur secrétaire général, vraisemblablement Xi Jinping. En toute logique, il va remplacer Hu Jintao à la présidence au mois de mars prochain. Cette nomination est le fruit d’un consensus en amont entre les différentes tendances du PCC, les généraux de l’armée et les anciens dirigeants.


C’est donc Xi Jinping qui devrait prendre la tête du pays au printemps?

Son nom circule depuis longtemps, les spécialistes sont quasiment sûrs que ce sera lui. Aux affaires depuis longtemps, il est vice-président. L’an dernier, il a été nommé président des affaires militaires: la voie royale vers le pouvoir. On a eu quelques doutes au mois de septembre, car Xi Jinping a disparu pendant quinze jours, officiellement pour des raisons de santé! Mais il n’y aura pas de surprise.


Réformateur ou conservateur, quel est son profil?

Il y aura un changement d’image. Mais ce sera un changement dans la continuité. Xi Jinping est souvent présenté comme un «prince rouge». Fils d’un compagnon de route de Mao, il a gravi tous les échelons au sein du PCC. On ne connaît pas vraiment ses idées personnelles. De toute façon, il va appliquer la ligne du parti. Du point de vue de sa vie privée, il est divorcé et marié en secondes noces à une chanteuse d’opéra, Peng Liyuan, très célèbre en Chine. Sa présence donne un côté plus glamour au pouvoir qui va arriver.


Quels seront ses grands défis?

Il devra lutter contre les inégalités et la corruption, introduire une dose de démocratie afin que le PCC puisse se maintenir au pouvoir. Economiquement, il doit développer la croissance interne et la consommation des Chinois. Quant à la politique étrangère, son principal défi sera de régler la rivalité avec les Etats-Unis concernant le leadership sur le marché asiatique. De ce point de vue, la réélection du président américain est plutôt une bonne nouvelle. L’image de la Chine doit être plus positive. D’autant que, depuis quelque temps, il y a une forte poussée nationaliste, on le voit par exemple dans les affrontements avec le Japon.


Que retiendra-t-on des dix ans au pouvoir de Hu Jintao?

Ce qu’on retiendra, c’est la croissance économique, et c’était l’objectif. Mais le bilan de Hu Jintao reste assez contrasté. D’un côté, la Chine est passée de la 6e à la 2e place mondiale du point de vue économique. Des centaines de millions de personnes sont sorties de la pauvreté. Mais la contestation a grandi, même en Chine. La croissance est inégale et les gens critiquent la corruption.

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