ANALYSES

Cancer de Chavez : où va le Venezuela ?

Presse
13 décembre 2012

La maladie du président vénézuélien, qui doit prêter serment en janvier pour son nouveau mandat, soulève de nombreuses interrogations constitutionnelles et politiques. TF1 News fait le point avec Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur sur l’Amérique latine à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).


Chavez a hyper-personnalisé son pouvoir. Que se passerait-il s’il devait le quitter en raison de son état de santé ou s’il devait décéder ?

Tout d’abord, il faut noter que c’est la première fois que Hugo Chavez a annoncé lui-même qu’il devait être réopéré. D’après les communiqués, cette opération s’est bien déroulée. Mais il semble que la récupération sera longue et difficile. Il ne pourra donc pas exercer ses fonctions dans l’immédiat. Cela sera aussi probablement le cas sur le long terme.


Reste donc à savoir s’il pourra être présent le 10 janvier pour la prestation de serment de son nouveau mandat (ndlr : il a été réélu en octobre pour un mandat de six ans, qui commence officiellement le 10 janvier prochain). Rien n’est moins sûr. Si ce n’est pas le cas, il faudra organiser une nouvelle présidentielle dans les trente jours, l’intérim étant assuré par le vice-président.


Justement, le vice-président Nicolas Maduro a été "adoubé" officiellement le week-end dernier. A-t-il la carrure pour prendre la relève ?

C’est tout le problème d’un système autant personnalisé que celui mis en place par Chavez au Venezuela. Dans ce système populiste, c’est le chef qui décide, qui a le contact direct avec la population. Bref, c’est le chef qui a l’autorité et le charisme. Mais le charisme ne se transmet pas comme se transmet un décret de la Constitution. Or Nicolas Maduro n’a pas l’aura de Chavez, tout simplement car le système ne le permet pas. Et ce système trouve ses limites quand le chef est hors-jeu puisqu’il n’y a pas de relève.


Même si Maduro a été désigné par Chavez, peut-il y avoir une guerre de succession ?

A priori, non, puisqu’il a justement été désigné. Mais il est certain qu’il aura moins d’autorité. Si la situation se tend, il lui faudra se constituer un profil à sa manière. Au-delà de la population, la principale inconnue sera le soutien des cadres et des militaires.


Ce week-end, se tiennent les élections des gouverneurs dans les Etats (ndlr : le Venezuela est un Etat fédéral). Le cancer de Chavez peut-il avoir des conséquences sur le choix des électeurs ?

Les résultats seront très intéressants à analyser. Henrique Capriles, le candidat battu par Hugo Chavez en octobre lors de la présidentielle, se représente notamment dans l’Etat du Miranda, l’un des plus riches du pays. Plus globalement, on se demande si l’opposition va progresser et comment va réagir la population à la nouvelle donne. Les spéculations vont aussi bon train en cas de nouvelle présidentielle mettant aux prises un candidat de l’opposition -probablement Henrique Capriles- à un homme issu du camp Chavez. Pour l’instant, même si c’est évidemment très théorique, le candidat de l’opposition l’emporterait.


Des troubles sont-ils envisageables si Hugo Chavez venait à laisser le pouvoir ?

C’est possible si le processus électoral qui suivra se termine par des élections truquées. Mais pour l’instant, l’armée, qui conserve un rôle tutélaire, veille au grain. A priori, à la vue du processus électoral du mois d’octobre, elle est très fidèle au système constitutionnel et garantit la continuité de l’Etat. Mais cette tranquillité n’est que relative. Dans chaque camp, des éléments radicaux peuvent agir.

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