ANALYSES

Procès de Hosni Moubarak : « Le clivage est entre frères musulmans et militaires »

Presse
14 janvier 2013
Didier Billion - Afrik.com
Cette décision de rejuger Moubarak ne risque-t-elle par de raviver des tensions ?

Oui éventuellement. On est dans une situation politique extrêmement incertaine, volatile, même si le référendum a été validé par les électeurs. Ceci étant, je suis de ceux qui sont persuadés qu’une petite étincelle suffit pour que tout éclate à nouveau. Le nouveau procès de Moubarak est un des paramètres qui pourrait relancer un mouvement de contestation. Sauf que Moubarak a fait appel et la justice suit son cours. Mais je ne crois pas qu’aujourd’hui, la préoccupation des égyptiens soit liée à la réouverture d’un procès. Les contestataires du régime, regroupés derrière Mohamed El Baradei ne feront rien pour attiser de nouvelles tensions, ni même les frères musulmans car ils veulent éviter tout resurgissement de mouvements de contestations. Aucune des grandes forces politiques n’a intérêt à relancer des contestations.


L’état de santé de Hosni Moubarak peut-il jouer en sa faveur pour bénéficier d’une réduction de peine, voire même d’un acquittement ?

Non je ne crois pas car Moubarak incarne symboliquement ce régime qui a été viré, haï. Rien ne sera plus comme avant et je ne pense pas que l’ancien président sera vraiment soutenu, ni dans l’appareil judiciaire ni même au sein de la population.


Comment imaginez l’avenir d’une Egypte où le clivage entre pro et anti-Moubarak semble toujours exister ?

Je ne pense pas que ce clivage existe encore. On a tourné une page même s’il subsiste quelques partisans de l’ancien régime. Les anciens du régime ont certes un pouvoir de nuisance, non négligeable, mais pas réel. Le vrai clivage a lieu au sein du camp des islamistes, entre Frères musulmans et salafistes. Le deuxième est un clivage entre les frères musulmans et les institutions militaires. Il y a cependant un modus vivendi établi entre ces deux parties dont aucune n’en franchirait la ligne rouge qui est l’opposition frontale. Puis, le troisième type de clivage est entre les libéraux, laïques, gens de gauche et les Frères musulmans.

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