ANALYSES

« Personne n’a intérêt à déclencher un conflit »

Presse
3 avril 2013
A force de montrer ses muscles, la Corée du Nord est- elle sur le point d’intervenir ?

Nous sommes dans la rhétorique pure. La Corée du Nord veut parvenir à la signature d’un accord de paix bilatéral avec les Etats-Unis. Pour cela, elle veut forcer Washington à revenir à la table de négociations en montrant qu’elle est un acteur avec lequel il faut compter. Aujourd’hui, nous n’en sommes pas là. Pyongyang n’a pas intérêt à aller trop vite car elle tire des bénéfices de cette situation. Cela lui permet par exemple d’obtenir de son voisin chinois, du pétrole et de la nourriture. Pékin fournit d’autant plus volontiers cette aide qu’il craint un afflux massif de réfugiés nord-coréens dans le cas d’une crise ouverte. Et puis, il faut bien voir que, si la tension venait à retomber, Kim Jung- un – qui a besoin d’asseoir son autorité auprès de son peuple – ne manquera pas de retourner la situation à son avantage en expliquant qu’il a réussi à faire plier les Américains.


 Avez-vous le sentiment que les Etats-Unis amassent du matériel militaire dans la zone ?

Comme les Nord-Coréens, les Américains sont eux aussi dans une logique de propagande. Ca fait partie du jeu global. Vis-à-vis des Sud- Coréens et des Japonais, ils doivent montrer qu’ils sont les protecteurs de la zone. Pour autant, je ne pense pas qu’ils accumulent du matériel à proprement parler. Les B52 passent leur temps à faire le tour du monde. Washington est plutôt en train de redéployer les forces du côté des Philippines, de la Thaïlande et de Singapour, là où se situent aujourd’hui les vrais enjeux. La Chine a renforcé sa présence du côté des îles Paracels et des Spratleys, là où transite, précisément 40 % du commerce mondial.


 Que va-t-il se passer ?

Nul bien sûr n’est capable de le dire avec certitude. Mais personne n’a vraiment intérêt à un conflit. Et chacun va donc faire en sorte qu’il n’y ait pas d’incident. Les Américains attendent patiemment que Pyongyang commette une faute. Et un accident dans la chaîne de commandement est toujours à craindre. Comme d’ailleurs une ultime provocation du régime nord-coréen. Mieux vaudrait au contraire, que les deux parties puissent sortir par le haut de ce bras de fer. L’idéal serait une reprise des négociations. Et là, ce n’est peut-être qu’une question de semaines.

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