ANALYSES

Afghanistan: «Les forces de sécurité ne sont pas prêtes»

Presse
18 juin 2013

Le processus de transfert d’autorité progressif des forces de l’Otan aux forces de sécurité afghanes s’est achevé ce mardi matin, avec le passage sous contrôle du gouvernement afghan des derniers districts contrôlés par la force internationale de l’Otan (Isaf). Mais, selon Karim Pakzad, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Afghanistan, les forces afghanes ne sont pas vraiment prêtes à relever ce challenge.


Les Afghans sont-ils vraiment prêts à assurer la sécurité dans leur pays?



Malheureusement non. Les forces afghanes ne sont pas prêtes. La preuve: les récents attentats qui ont ensanglanté le pays, mais aussi le fait que certains pays -comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne- ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient rester après fin 2014, la date prévue du retrait total des forces de l’Isaf. Dans le même ordre d’idée, l’Afghanistan a entamé le quatrième round de négociations avec les Etats-Unis pour le maintien des bases et d’environ 10.000 soldats après 2014.


Quel est le problème?



Les forces afghanes son constituées -elles comptent plus de 300.000 personnes-, elles sont en place, mais elles ne sont pas suffisamment formées, ni suffisamment bien armées. De plus, il n’y a pas de cohésion au sein des troupes (qui divergent tant du point de vue ethnique, que linguistique ou religieux) ni au sein du commandement.


L’Isaf peut-elle revenir en cas de problème grave?



Les forces de l’Otan n’ont pas quitté l’Afghanistan ce mardi matin. Elles sont toujours présentes dans le pays, mais n’ont plus qu’un rôle de soutien. Elles sont présentes sur le terrain, mais seulement en appui des forces afghanes, qui sont en première ligne. Cependant, elles pourraient absolument revenir dans les combats directs en cas de crise grave.


Doit-on craindre que le pays sombre dans la guerre civile?



La guerre civile ne peut être exclue, certains politiques ont déjà brandi la menace de prendre les armes. Mais, selon moi, les pays voisins et les Etats-Unis empêcheront le pays de s’engager sur cette voie, car ils n’y ont pas intérêt. Et, même si pour l’heure, il n’y a pas de favori pour l’élection présidentielle de l’an prochain, il y aura probablement plus d’unité dans l’opposition légale que lors de la dernière élection. Et si Hamid Karzaï ne peut pas faire de troisième mandat, cela ne signifie pas qu’il quittera le pouvoir. Un membre de son clan, voire son frère, pourrait se porter candidat. Une détente dans les relations entre Etats-Unis et Iran, appui des talibans, serait par ailleurs une bonne nouvelle, et permettrait d’améliorer la situation en Afghanistan.

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