ANALYSES

« Cela va devenir compliqué de se battre »

Presse
24 mai 2014
Jean-Vincent Brisset - L’Est Républicain
Les quatre chefs d’états-majors menacent de démissionner. C’est du jamais vu ?



Il y a eu le précèdent de l’amiral Patou, en 1970, qui avait démissionné parce que les forces classiques étaient sacrifiées au profit du nucléaire. Rien n’a changé. Le nucléaire est intangible. Personne ne dira que ça coûte trop cher, le lobby du nucléaire est incassable. Mais on taille dans les forces classiques et dans les capacités opérationnelles. Si les chefs d’états-major ne démissionnent pas, ils perdent leur crédibilité. S’ils démissionnent, ils pourraient être remplacés par des hommes plus souples, donc moins crédibles De plus, les militaires ne peuvent pas communiquer directement et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian non plus car il est trop inféodé.


Sommes-nous arrivés à un point de rupture ?



La Défense a déjà beaucoup souffert, depuis des années. Les militaires souffrent en silence mais ils vivent de plus en plus mal les restrictions budgétaires alors qu’ils sont déployés sur des terrains difficiles en Afrique. Aujourd’hui, les militaires qui partent en opération sont très démoralises. Si le coût des opérations extérieures, soit près d’un milliard par an, est réintégré dans le budget général de la Défense, les militaires devront encore trouver des économies.


Sommes-nous dans une impasse ? Comment le chef de l’État va-t-il trancher ?



Il va noyer le poisson, retarder les annonces en attendant que la polémique s’épuise. Pour l’instant, François Hollande a dit qu’il allait trancher. Cette méthode employée pour traiter le problème est en cohérence avec sa façon de gouverner.


Sur le terrain, nos forces sont-elles encore opérationnelles ?



Cela va devenir compliqué de se battre. Au Mali, nous sommes face à un échec. Et il y a des situations plus graves en Afrique, en Libye, au Nigeria, au Soudan… La France veut s’impliquer mais avec de moins en moins de moyens.

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