ANALYSES

Quel avenir pour la «nouvelle Turquie» d’Erdogan ?

Presse
8 juin 2014
A quoi pourrait ressembler la « nouvelle Turquie » du président Recep Tayyip Erdogan ?

L’expression « nouvelle Turquie » était le slogan électoral d’Erdogan. Au-delà de la communication politique, depuis son arrivée au pouvoir en tant que Premier ministre en 2003, on a pu observer d’importants changements sur les plans économique et social. Ainsi, le revenu moyen des Turcs a par exemple été multiplié par trois. La hausse générale du niveau de vie a permis la naissance d’une classe moyenne turque.


Ces dix dernières années, la Turquie a multiplié les efforts pour devenir une puissance incontournable du Proche et Moyen-Orient, dans la cadre d’une stratégie diplomatique volontariste prônée par le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, désormais Premier ministre. Les Turcs ont pris conscience du rôle que pouvait jouer leur pays sur la scène diplomatique mondiale. Erdogan et Davutoglu vont tâcher de poursuivre dans cette voie.


Sur le plan politique, à quoi faut-il s’attendre ? 

Il faut souligner la stabilité du régime turc depuis l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP). Avant 2003, la vie politique du pays était marquée par une profonde instabilité. Le revers de la médaille est la dérive autoritaire de l’AKP, grand vainqueur des dernières élections (législatives, municipales et présidentielle). Depuis plus de trois ans, on observe un glissement liberticide du gouvernement Erdogan.


Doit-on craindre un virage islamique en Turquie ?

Je ne suis pas de ceux qui considèrent que le Parti de la justice et du développement souhaite instaurer un ordre religieux. L’AKP est un parti conservateur, c’est incontestable. Je pense que cette formation politique cherche avant tout à imposer un ordre moral. Au sein de la « nouvelle Turquie », il y a une visibilité du paramètre religieux qui n’existait pas avant. Pour autant, je ne parlerais pas d’une islamisation de la société turque.


Assiste-t-on à un tournant de la vie politique turque ? 

Lorsque Recep Tayyip Erdogan était Premier ministre et Abdullah Gül président, le pouvoir était entre les mains d’Erdogan. Désormais, son objectif est de remporter les prochaines élections législatives avec une majorité des deux tiers des députés afin de modifier la Constitution pour transformer la Turquie en régime présidentiel. D’ici là, on peut imaginer que la pratique du pouvoir évolue progressivement dans ce sens.


Erdogan a choisi son fidèle ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, au poste de Premier ministre. Certains le comparent à une marionnette. De fait, il est certain que Davutoglu ne fera jamais d’ombre à son mentor – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a été désigné.

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