ANALYSES

Le relatif mauvais score de l’extrême-droite aux élections aux Pays-Bas peut-il signifier un recul du national-populisme en Europe ?

Interview
14 septembre 2012
« Avec un score de 10,1% (contre 16% lors des précédentes élections législatives de juin 2010), le parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders enregistre une défaite relative en ne conservant que 15 députés au Parlement (contre 24 sous la législature précédente). Même s’il est parvenu à mettre l’Europe au cœur des débats de la campagne électorale, ses positions jusqu’au-boutistes réclamant une sortie de l’Union européenne et un retour au florin n’ont pas convaincu le peuple néerlandais. En outre, les deux candidats du parti libéral (VVD) et travailliste (PvdA) tous deux pro-européens, sont apparus plus crédibles et compétents pour faire face aux défis économiques et sociaux. On peut donc mettre en avant deux raisons principales à ce recul : d’un côté, le manque de crédibilité de Geert Wilders sur les sujets économiques et les questions européennes (à ce titre, sa décision d’abandonner le terrain de la lutte contre l’islam et du danger migratoire était sans doute une erreur stratégique dans la mesure où son discours sur l’Europe, jugé caricatural et irréaliste n’a pu constituer une alternative) ; de l’autre, la performance des candidats « du centre » qui sont parvenus à rassurer et sont apparus bien plus capables de défendre la crédibilité des Pays-Bas sur la scène européenne.
Conclure que ces résultats signifieraient un recul du national-populisme en Europe est peut être allé un peu vite en besogne si l’on en juge le score inédit obtenu quelques mois auparavant par le Front national en France (17,9% des voix au 1er tour de l’élection présidentielle en avril 2012) ou la percée des néo-nazis en Grèce (parti de l’Aube dorée). Le contexte international est porteur pour ce type de formations politiques qui se nourrissent de l’inquiétude identitaire des citoyens européens dans le contexte de mondialisation, et des difficultés économiques face auxquelles ces partis prétendent connaître les responsables. Néanmoins, ces résultats aux Pays-Bas invitent à deux conclusions. D’une part, ils soulignent l’incapacité actuelle de l’extrême droite à convaincre sur d’autres thèmes que ceux liés aux enjeux culturels et identitaires, ce qui constitue pour le moment un frein à son ascension. D’autre part, ils témoignent de la confiance que les solutions européennes à la crise économique suscitent toujours auprès des citoyens, des solutions qui gagneraient à investir également le terrain identitaire pour contrer plus efficacement la poussée national-populiste.»