ANALYSES

L’élection du nouveau président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, constitue-t-elle un tournant ?

Interview
11 septembre 2012
Cette élection constitue un événement dans la mesure où l’ancien président du gouvernement transitoire, Sharif Cheikh Ahmed, n’a pas été reconduit. L’assemblée nationale lui a préféré un universitaire. Ce dernier, qui ne présente a priori pas de problèmes particuliers, n’a pas le même parcours que son prédécesseur, ancien rebelle islamiste qui s’était rallié au gouvernement et qui s’opposait aux shebabs. Il faudrait savoir pourquoi les députés ont effectivement choisi cet universitaire et ainsi créé la surprise. Soulignons que la Somalie est un pays où il y a énormément de divisions claniques et où la corruption est généralisée. Il vaut donc peut être mieux interpréter cette élection comme le fruit d’une lutte clanique ou éventuellement de jeux de corruption plutôt qu’une nouvelle ligne de positionnement idéologique.

Il faut bien voir aussi que la Somalie est un Etat failli : les shebabs continuent de contrôler l’essentiel du territoire et seule une partie de Mogadiscio est contrôlée par le pouvoir. Même si la Somalie reçoit un appui important des Nations unies, des Etats-Unis ou encore de pays comme l’Ethiopie, il est évident que nous sommes face à un pouvoir extrêmement faible par rapport à la corruption, mais aussi par rapport à l’insécurité territoriale qui est notamment liée au contrôle des shebabs, ou encore par rapport à la piraterie qui menace les côtes somaliennes.

Par conséquent, il ne faut malheureusement pas trop attendre de ce nouveau chef d’Etat. Il a bien été élu par l’Assemblée, il n’y a pas eu de troubles majeurs mais la Somalie est hélas véritablement un Etat failli : il faut reconstruire l’armée, il faut contrôler le territoire, il faut s’opposer à l’économie mafieuse criminelle et aux trafics. Tout cela est hors de propos actuellement par rapport aux possibilités du nouveau pouvoir.