ANALYSES

Quels enjeux aux niveaux national et international avec l’élection surprise de Tomislav Nikolic en Serbie ?

Interview
23 mai 2012
Réponse de Gaëlle PÉRIO VALERO, chercheure associée à l’IRIS
Tout d’abord, on ne peut pas dire qu’il s’agit véritablement d’une surprise que Tomislav Nikolic ait été élu président de la République dimanche dernier.
Elle l’est peut-être en un sens car il a toujours été au coude à coude avec le président sortant, Boris Tadic lors des deux précédentes présidentielles, donc on avait en quelque sorte l’habitude de le voir arriver second. Il a été second aussi du Parti Radical de Vojislav Seselj, inculpé par le TPIY de crimes de guerres et de crimes de l’humanité, jusqu’à la rupture en 2008 où Nikolic fonde son propre parti, le Parti Progressiste (SNS) qu’il définit comme « nationaliste pro-européen ».
En revanche ce n’est pas une surprise dans le sens où, désormais, la Serbie vit une alternance politique dans un cadre démocratique. Le Parti démocrate a été au pouvoir pendant huit ans et les électeurs serbes souhaitent visiblement avoir de nouvelles têtes, de nouvelles idées. Le Parti démocrate a en effet accompli beaucoup, il a notamment livré les criminels de guerre à la Justice internationale mais il a également dû gérer une situation économique catastrophique, avec 24% de taux de chômage tout comme faire face à l’indépendance du Kosovo, ancienne province serbe. En février dernier, la Serbie a obtenu également le statut de candidat à l’UE en pleine tourmente grecque, un autre état balkanique.
Les Serbes ont été confrontés ces dernières années à plusieurs enjeux et ont besoin d’être rassurés. D’être rassurés sur leurs frontières, sur l’économie et sur leur identité. Il faut rappeler que la Serbie est une nation jeune, issue de l’effondrement de l’ex-Yougoslavie. Les Serbes se replient alors, sur un parti nationaliste certes, mais qui ne tourne pas le dos à l’Union européenne. Le premier chantier du nouveau président va être de lancer des négociations entre les partis pour former un gouvernement de coalition. C’est son premier enjeu de politique intérieure comme internationale, pour rassurer cette fois-ci non seulement ses électeurs mais aussi ses voisins et ses partenaires européens.

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