ANALYSES

Que nous disent les résultats des dernières élections législatives sur l’état de la société algérienne aujourd’hui ?

Interview
16 mai 2012
Le point de vue de Slimane Zeghidour
Un désaveu du régime, une désaffection vis à vis des partis
Sur les 21 millions d’inscrits, 11 millions ne se sont pas déplacés pour aller voter et 1,5 millions ont voté blanc. En clair, un peu plus d’un tiers seulement des Algériens ont voté.

Le résultat parle de lui-même. Le FLN, parti vieilli, sclérosé, discrédité, jusques et y compris par d’ex-membres de l’appareil en est quand même ressorti avec un gain net de soixante dix élus de plus qu’en… 2007 ! Son ersatz, le Rassemblement national démocratique (RND), conduit par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, gagne, lui 68 sièges, tandis que l’Alliance verte, cartel de trois partis islamistes associés aux deux partis suscités n’obtient « que » 48 députés. Bilan, ces trois courants, hier encore réunis dans l’ « Alliance présidentielle » autour du raïs Bouteflika récupèrent presque les trois-quarts des 462 sièges de l’Assemblée.

Est-ce crédible ? Dans un pays qui a connu en 2011 pas moins de 11 000 émeutes, protestations, occupations de locaux administratifs et autres « coupures d’autoroutes » pour dénoncer l’incurie de l’Etat, la corruption, le népotisme.

En tout état de cause le taux d’abstention témoigne à lui seul d’un double et cinglant désaveu et pour le régime et pour des « partis » politiques dont 17, « crées in-vitro » dit-on à Alger, n’ont vu le jour que l’avant-veille du scrutin. Il n’y eut, durant une « campagne » archi-couverte par la télévision d’Etat, ni critique ni bilan de l’état des lieux. Et pas même un seul débat entre les candidats en lice des « partis ».

Au-delà le la question des chiffres, il y a lieu d’indiquer ce que parlement veut dire en Algérie. De toutes les institutions de l’Etat, c’est sans doute la plus imperceptible, la plus déconnectée de la société, la plus éthérée. La plupart des citoyens ignore même le lieu de son siège. Un député algérien n’a ni attaché parlementaire, ni bureau ni donc la moindre occasion de recevoir les citoyens. Il n’a pas non plus de site web personnel qui en décline le parcours, la situation familiale, les idées et les projets.

Aussi pas plus le taux d’abstention que le choix partisan de ceux qui ont voté ne sont vraiment une surprise.
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