ANALYSES

Où va le Sénégal ? Existe-t-il un réel risque de guerre civile ?

Interview
31 janvier 2012
Le point de vue de Philippe Hugon
Il faut toujours être prudent en analysant ce type de situation. Toutefois, il apparaît évident qu’il existe aujourd’hui au Sénégal de réels risques de dérives, dans un pays pourtant traditionnellement véritablement démocratique, où les résultats des élections ont toujours été acceptés par les chefs d’État.
Mais la donne semble être en train de changer ; d’une part, le Conseil constitutionnel a autorisé le président Wade à se représenter après des changements effectués dans la Constitution, et d’autre part certains candidats, à l’instar du chanteur Youssou Ndour, se sont vus refuser l’accession au statut de candidat, peut-être pour des raisons constitutionnelles. Cela reste toutefois à vérifier.


Enfin, il apparaît évident que le président Wade souffre d’un cruel manque de légitimité, qui a conduit à des manifestations. Car bien entendu, les différents responsables de mouvements ont suivi de près les « printemps arabe », et il existe une forte demande de changement de la part des jeunes chômeurs et de l’opposition.
Nous sommes donc là dans une situation de violence considérable– un policier a été tué -, où les risques de dérive sont bien présents. L’avenir du pays dépendra de la position des principaux responsables de l’opposition (parti socialiste et autres formations), vis-à-vis de ces mouvements de foule ; vont-ils les accepter, ou les affrontements vont-ils au contraire se poursuivre ? Il semble encore trop tôt pour se prononcer sur la question.
Plus généralement, il est malheureux de constater que les marasmes actuels semblent mettre à mal le jeu démocratique, qui avait pourtant fait la tradition du Sénégal, voire peut-être même l’exception sénégalaise.
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