ANALYSES

Quelle lecture peut-on faire des résultats des élections législatives russes ? Que laissent-ils présager pour les présidentielles à venir ?

Interview
5 décembre 2011
Tout d’abord, il faut noter que la presse française a une vision particulièrement erronée de la situation en Russie. Si le parti Russie unie a perdu 14% de voix par rapport aux élections législatives précédentes, il a tout de même recueilli 49% des suffrages. Si en France, l’UMP ou le PS parvenait encore à un tel score après 11 ans de pouvoir ininterrompu, ils auraient de quoi se vanter.

D’autre part, il importe de préciser que l’érosion de Russie unie ne signifie pas pour autant, qu’une opposition structurée monte en puissance. La désaffection pour le parti de Poutine et de Medvedev n’induit pas forcément les électeurs à voter pour une autre formation. Bien que le Parti communiste obtienne régulièrement près de 20% des suffrages lors des différents scrutins, il demeure incapable de fédérer autour de lui une coalition qui pourrait rivaliser avec Russie unie.

Concrètement, ces élections législatives nous prouvent, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, qu’il y a de fortes chances pour que Russie unie demeure la principale formation politique, étant donné que la probabilité pour que l’opposition parvienne d’ici là à se fédérer pour présenter un éventuel candidat susceptible de donner la riposte à Vladimir Poutine est relativement faible.

Enfin, ce n’est pas parce que l’électorat se lasse de Russie unie qu’il se lasse pour autant de Vladimir Poutine. Il faut bien différencier ces deux éléments. Les Russes aimaient leurs tsars, ils n’aimaient pas forcément leur gouvernement. Il en va à peu près de même avec Vladimir Poutine.

Celui-ci devrait donc être réélu sans difficulté majeure.