ANALYSES

La colère des manifestants égyptiens est-elle justifiée ? La situation en Égypte a-t-elle réellement évolué depuis la chute de Moubarak ?

Interview
23 novembre 2011
La colère des manifestants est le reflet de l’état d’esprit général de la population égyptienne. Elle n’a vu aucun changement, tant sur le plan des institutions que par rapport à ses conditions de vie, depuis le départ de l’ancien président Hosni Moubarak en février dernier. Il y a donc un ressentiment général qui n’est pas calmé par la perspective d’élections législatives, prévues à partir du 28 novembre 2011. Le comportement du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA), incapable de parler à la population, a envenimé la situation.

Le CSFA gère le pays et a la mainmise sur tous les dossiers, sans avoir les compétences nécessaires pour les traiter. Le Conseil des ministres, à son service, est composé de technocrates n’ayant pas d’affiliations politiques précises. Cependant, ils sont conscients des réformes urgentes qu’ils auraient à accomplir. Il faut constater que le chômage et que le phénomène de hausse des prix persistent, alors que les touristes sont partis tout comme les investissements étrangers.

Aujourd’hui l’ensemble de la population égyptienne est dans une situation tout à fait dramatique, c’est-à-dire à la limite de la survie. Ce qui ne veut pas dire que toute la population soit dans la rue, loin de là. Sur la place Tahrir, il n’y a qu’une infime minorité d’activistes ; la plupart sont des jeunes étudiants, des manifestants qui ont des objectifs politiques, tels que la chute de la junte militaire, ou encore des jeunes qui ne sont pas des intellectuels ni des bloggeurs.

La perspective d’élections législatives ne suffira pas à calmer la colère et remédier au mécontentement de la population égyptienne.