ANALYSES

L’arrivée au Pouvoir de Mario Monti peut-elle redresser la situation de l’Italie ? Les réformes prévues pour combler la dette de 1.900 milliards d’euros peuvent-elles suffire ? Seront-elles réellement applicables ?

Interview
14 novembre 2011
L’arrivée au pouvoir de Mario Monti devrait permettre à l’Italie de surmonter la phase actuelle de difficultés, par un simple retour de la confiance des marchés envers le pays. En effet, ces derniers temps, les taux d’intérêts demandés à l’Italie pour le refinancement de sa dette n’ont cessé d’augmenter, quasi-exclusivement à cause de la perte de confiance des marchés internationaux sur la personne de Silvio Berlusconi. Car ceux-ci sont partis du postulat que si aucune réforme n’avait été menée en dix années passées au pouvoir, il semblait peu probable que Silvio Berlusconi n’en entreprenne aujourd’hui, à l’heure où il est totalement décrédibilisé et affaibli. Les comptes publics italiens se sont donc détériorés ultérieurement sous la pression des marchés. En effet, il faut considérer que chaque point d’intérêt supplémentaire rajouté à la charge d’un pays comme l’Italie, dont la dette avoisine les 1.900 milliards d’euros, compte pour plusieurs milliards d’euros dans le budget annuel, creusant donc les déficits et la dette. Lorsque la nouvelle de la nomination de Mario Monti a semblé se confirmer, vendredi dernier, le différentiel de taux d’intérêts italiens et allemand est passé de 550 à 450 en un seul jour, par un simple effet mécanique de confiance vis-à-vis du nouveau Premier ministre italien. C’est-à-dire que l’Italie, qui se finançait à 7,5%, a vu ce taux descendre en un seul jour à 6,5%, ce qui lui a permis d’économiser déjà quelques milliards.
Mais une fois passée cette première phase d’euphorie, les marchés vont revenir vers un fonctionnement plus classique, et la confiance devra être restaurée sur le long terme. L’Italie va encore devoir affronter des difficultés budgétaires, ainsi que celles du refinancement de la dette.
Un certain nombre de mesures restent donc à accomplir. Avant tout, il faudra que le gouvernement parvienne à mettre en œuvre les mesures promises à Bruxelles, ce pourquoi Mario Monti a été nommé. Pour l’instant, celui-ci va commencer par former son gouvernement, qui sera probablement essentiellement composé de techniciens. Par la suite, il mettra en œuvre des réformes qui risquent bien d’être très fortement impopulaires. Il faudra donc voir jusqu’à quel point les partis politiques vont accepter de le soutenir : le gouvernement qu’il va former sera initialement soutenu tant par la gauche que par la droite, mais il faut savoir que les élections en Italie, qui devaient normalement avoir lieu en 2013, pourraient bien être anticipées au printemps 2012. Or, dans une perspective d’élections proches, les partis politiques seront-ils prêts à se mouiller pour accomplir les réformes nécessaires, quitte à payer le tribut de l’impopularité ?