ANALYSES

Quelles avancées peut-on espérer en Syrie après l’acceptation du plan de sortie de crise dessiné conjointement par la Ligue arabe et le gouvernement syrien ?

Interview
3 novembre 2011
En premier lieu, il est nécessaire de rappeler les trois points principaux qui constituent la base de l’accord décidé conjointement avec la Ligue des États arabes, à savoir la cessation immédiate des violences, l’évacuation par des forces de sécurité syriennes des zones au sein desquelles ont lieu des combats armés, et enfin la libération des prisonniers politiques.

Ensuite, il importe de se questionner sur les modalités de mise en application de cet accord de sortie de crise : où, quand et comment les protagonistes pourraient-ils se rencontrer ? Car conformément au célèbre adage, « le Diable est toujours dans les détails », le lieu même de la rencontre dans ce cas précis pose problème : le gouvernement syrien voudrait que les négociations aient lieu à Damas, mais l’opposition refuse de s’y rendre pour des raisons évidentes de sécurité.

Vient s’ajouter à cela la question du choix de l’interlocuteur : faudrait-il qu’il s’agisse exclusivement du Conseil national syrien (CNS) -qui représente l’opposition à l’extérieur du pays-, ou vaudrait-il mieux au contraire choisir pour tenir ce rôle des opposants de l’intérieur, dont on sait qu’ils sont structurés de façon clandestine, une fois encore pour des raisons bien évidentes de sécurité ? Une chose est sûre, il existe entre les deux groupes beaucoup de divergences de points de vue, d’appréciation des rythmes et des modalités d’un potentiel processus de négociation, pour qu’apparaisse une adéquation de projets.

Mais ces divisions se constatent aussi au sein même du CNS. Depuis le début du mouvement, leur mot d’ordre consiste à obtenir la démission de Bachar al-Assad, et à n’accepter aucune négociation avec le régime avant cela. Or, il semble évident que Bachar al-Assad n’est pas prêt de démissionner, ni dans les deux jours ni même dans la semaine à venir. Cela va donc induire des divisions, ou plus exactement faire ressurgir les antagonismes déjà existants, posant ainsi au CNS un sérieux problème de crédibilité.

Il apparaît donc qu’au-delà de la décision du régime syrien d’accepter le plan soumis par la Ligue des États arabes, qui est certes un fait positif, les modalités concrètes d’application sont loin d’être au point : aucun accord n’a pour l’heure été trouvé entre les deux parties, et c’est bien là le point le plus déterminant. Ainsi, s’il faut se féliciter de l’avancée que constitue l’acceptation de ce plan, il convient de se garder de crier victoire trop tôt, et d’attendre pour cela de voir se dessiner les prémices de son application.