ANALYSES

Du sommet de l’Union africaine à son cinquantenaire, l’Ethiopie sur tous les fronts

Tribune
4 février 2013
Par Patrick Ferras, Directeur de l’Observatoire de la Corne de l’Afrique, intervenant au sein d’IRIS Sup’
Force est de constater que l’Architecture africaine de paix et de sécurité est loin de répondre aux soucis actuels du continent. Les dernières crises (Mali, Somalie, lutte contre la LRA, RDC, RCA….) donneront peut-être des retours d’expérience à injecter dans des structures régionales et continentales qui doivent évoluer. L’intervention française, approuvée par l’ensemble de la Communauté internationale y compris l’UA (1), a montré les limites des opérations de grande envergure menées par les Africains et donc de cette architecture. Derrière les palabres et grandes discussions, l’Afrique manque de moyens financiers, de moyens militaires et surtout de volonté comme d’unité. Nous retrouvons ici les mêmes défauts que l’Union européenne réalisant des opérations de faible intensité et peinant à se mobiliser pour des crises stratégiques engageant son avenir. La crise de confiance des Africains envers les structures existantes est importante et la tâche de Madame Zuma à la tête de la Commission de l’UA (CUA) s’avère particulièrement ardue d’autant que les crises s’enchaînent et les signes positifs d’évolution sont peu nombreux. Thème du dernier sommet de janvier 2012, le commerce intra africain a laissé place au « Panafricanisme et à la renaissance africaine ». Le colloque organisé à Addis Abäba le 17 janvier dernier sur ce sujet manquait cruellement de profondeur d’analyse pour ce concept qui semble être devenu plus une idée géographique ou un leitmotiv qu’une réflexion actuelle digne des penseurs africains qui l’ont lancée. De surcroît, la priorité est-elle à ce genre de débat ?

Le nouveau Président de l’Union africaine, Hailé Maryam Dessalegn, dont le rôle est modeste au vu des responsabilités de la toute puissante CUA est le Premier ministre de l’Ethiopie. Six mois après le décès de Mälläs Zénawi, un deuxième challenge s’ouvre pour lui et son pays, au niveau continental maintenant. Il présidera les festivités de mai 2013 puisque le siège de l’UA est à Addis Abäba. Cette nomination confortera son rôle en politique intérieure et la fin de l’ère Zénawi. Derrière la symbolique, toujours recherchée et appréciée par les Ethiopiens, nous retrouvons à la tête de l’Union africaine deux puissances émergentes qui comptent au sein de la Communauté internationale : l’Afrique du Sud et l’Ethiopie. L’une est membre du forum des BRICS et accueillera leur prochain sommet cette année, l’autre est un Etat dont la croissance ferait rêver les Occidentaux et qui devrait intégrer l’OMC en 2014(2). Signes encourageants pour ces deux Etats vers lesquels se pressent les investissements comme la recherche d’appui pour les grands de ce monde sur le continent. Osons avancer qu’il est temps que l’Afrique soit dirigée par des Etats forts pour accélérer son développement et affronter les défis du XXI ème siècle. Le couple Ethiopie-Afrique du Sud devrait sur le plan de la représentation comme des faits et réalisations convaincre en Afrique comme à l’extérieur.

En matière de paix et de sécurité, les poids diplomatique, économique et militaire associés de ces deux Etats pourraient accélérer le règlement des crises sur ce continent. A la fin de la présidence de l’Ethiopie en janvier 2014, nous observerons l’évolution de l’UA au travers d’un indicateur majeur : le nombre de soldats de la paix engagés au titre des Nations unies en Afrique(3). A ce jour, il est de 75 750.

(1) Boni Yayi , Président de l’UA en exercice jusqu’au sommet 2013, a qualifié de remarquable le travail de la France au Mali.
(2) L’Ethiopie devrait participer au prochain sommet du G20 en Russie.
(3) Le total des troupes en uniforme des Nations unies est de 95 223.

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