ANALYSES

L’épidémie de sida bientôt enrayée ?

Tribune
23 novembre 2011
Tous les deux ans, à la veille de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le sida (le 1er décembre), l’agence de coordination des Nations Unies pour la lutte contre le sida publie un rapport qui fait le point sur l’épidémie au niveau mondial et régional. Sur le plan épidémiologique, en 2010, trente-quatre millions de personnes vivent avec le VIH. Ce chiffre effroyable, en particulier en Afrique (22,9 millions en Afrique subsaharienne), ne doit pas occulter qu’une proportion de plus en plus importante des patients séropositifs bénéficient de traitements antirétroviraux qui prolongent leur durée de vie et leur permet même de vieillir avec le VIH. De ce fait, la proportion totale des personnes vivant avec le virus augmente car la mortalité a diminué grâce aux médicaments. Pour autant la couverture antirétrovirale est encore insuffisante (47%). Le nombre de personnes ayant besoin de traitements et qui n’ont pas accès est évalué à près de 7 millions par l’Onusida (les ONG internationales donnent un chiffre encore supérieur). L’élargissement de l’accès aux thérapies antirétrovirales est d’autant plus crucial qu’il est désormais prouvé que les bénéfices du traitement s’étendent à la prévention : le traitement est en soi un acte préventif (la charge virale des personnes suivant un traitement peut baisser jusqu’à ne plus être transmissible), c’est ce que l’on nomme « TasP » pour « le traitement comme prévention ». Dans le champ de la prévention toujours, les bénéfices de la circoncision masculine (et ses effets protecteurs) tout comme les opportunités offertes par la prophylaxie biomédicale (l’utilisation d’antirétroviraux avant un rapport à risque) commencent à être envisagées dans certains contextes de santé publique où le préservatif peine à être utilisé.

Pour poursuivre la lutte et enregistrer encore des succès, le front des financements internationaux doit faire l’objet d’une re-mobilisation. En effet, avec la crise économique et financière, les Etats contributeurs (Etats-Unis, Etats européens) n’ont cessé ces dernières années de baisser leurs contributions au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’organisme qui soutient les pays du Sud en contribuant largement au financement de l’accès aux médicaments.

Plus inquiétant car c’est un phénomène nouveau, de récents rapports notent que les organisations philanthropiques baissent également leurs financements ce qui pourrait sérieusement obérer la lutte contre le sida et l’accès aux soins dans les années à venir. La secrétaire d’Etat américaine Hilary Clinton vient cependant de réaffirmer l’engagement des Etats-Unis dans la lutte contre le sida, vers une « génération sans sida », ce qui laisse espérer que le Plan d’urgence du président des Etats-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) soit maintenu à de hauts niveaux. Plus que jamais l’idée, d’une taxe sur les transactions financières proposée par les associations transnationales pour financer la lutte contre le sida devrait s’imposer (la taxe « Robin ») pour assurer une répartition égalitaire des contributions et la pérennité du financement de la lutte contre le sida.