ANALYSES

Libye, Syrie : les aléas de la responsabilité de protéger

Tribune
10 mai 2011
Trop occupés en Libye, les pays occidentaux n’ont aucune envie d’ouvrir un deuxième front plus délicat où la résistance serait beaucoup plus forte. Le concept de responsabilité de protéger montre ses limites et c’est bien dommage. Il permettait de trouver un équilibre entre une ingérence, qui trop souvent se résumait à une ruse de la politique de puissance des pays occidentaux et la sacralisation du principe de souveraineté, qui pouvait devenir une immunité pour les dictateurs.

En Libye, invoqué à juste titre dans la résolution 1973, il s’est transformé en co-belligérance avec les insurgés et en politique de changement de régime, alors qu’en Syrie, où la répression armée de manifestants pacifiques semble déjà s’élever à près de 1000 morts, il n’est pas invoqué et ne semble pas prêt de l’être. L’intervention militaire en Libye ne protège pas seulement la population de Benghazi, elle protège également Bachar el-Assad. Outre la volonté de ne pas ouvrir un second front, les pays occidentaux estiment par ailleurs que pour rugueux qu’il soit, son régime est, de leur point de vue, plus prévisible que le régime libyen. Il ne fait pas par ailleurs l’objet d’un rejet quasi total des autres pays arabes.

Gagnant à court terme, Bachar el-Assad est perdant à moyen terme. Un régime ne peut plus tenir sur la durée par la seule répression. Il peut gagner quelques temps mais sa répression de grande ampleur le coupe définitivement de la majorité de sa population. À terme il est condamné.