ANALYSES

Italie : le PDL existe-t-il encore?

Tribune
17 septembre 2010
Le centre-droit, loué auparavant pour sa stabilité, semble donc continuer son chemin vers une sorte d’auto-implosion se divisant en de multiples petits groupes parlementaires. L’émergence de ces derniers rendrait plus délicat le succès des « questions de confiance » chères à Berlusconi.

Quant à l’autre côté de l’échiquier politique, au lieu d’agir pour précipiter une défaite de Berlusconi et ainsi revenir sur le devant de la scène politique, la gauche reste faible et divisée, perdant ainsi tout potentiel d’efficacité. D’autant que de nombreux sympathisants de gauche se retrouvent paradoxalement à devenir des « supporters » du Futuro e Libertà (FLI), le nouveau parti de « droite-libérale » créé récemment par Fini, véritable « professionnel de la politique » (selon l’expression ironique de Berlusconi). Le seul espoir, donc, pour le centre et pour la gauche, serait que Fini fasse tomber son ennemi numéro 1, Silvio Berlusconi et son ennemi numéro 2, Umberto Bossi.

La situation semble assez surprenante, voire burlesque au vu de la jeunesse de Fini, vécue à la lumière de la flamme tricolore d’AN (Alliance Nationale), la droite post-fasciste, qui voit dans le Duce « le plus grand homme d’État du siècle ». Faisant fi du passé, Fini se déclare aujourd’hui comme un homme « post-idéologique », c’est-à-dire, sinon quelqu’un « au-delà du bien et du mal », du moins un homme qui ne veut plus d’étiquettes politiques ni idéologiques. C’est ainsi que l’on peut essayer de décrypter son discours assez ambigu de Mirabello, où, devant une grande foule de sympathisants, il a réussi à critiquer très durement Berlusconi, tout en lui assurant son soutien pour que l’action du gouvernement perdure. Il a stratégiquement proposé un pacte de législature de manière à gagner du temps et chercher à avoir un poids majeur dans les décisions parlementaires, mais aussi pour ne pas être accusé de faire tomber le gouvernement dans une période économique difficile pour le pays. Il a également insisté sur la nécessité d’amener à terme les cinq points du programme fixés, soit le fédéralisme fiscal, la réforme des taxes, le Mezzogiorno (Sud défavorisé), la justice et la sécurité. Mais une dure bataille s’annonce déjà au Parlement où chaque article sera âprement débattu.

La Ligue du Nord, fière de ses dernières conquêtes d’électeurs et confiante à l’idée d’un autre succès électoral, mène un jeu d’équilibriste, menaçant de provoquer une crise gouvernementale en novembre avant de revenir sur sa décision et d’afficher son alignement habituel sur la ligne politique du Cavaliere.

Berlusconi, quant à lui, après quelques jours de silence, est revenu devant les caméras avec son brillant sourire et sa rhétorique démagogique rassurante, en affirmant qu’il restera à sa place pour les trois années qui le séparent de la fin de son mandat, fort d’un consensus populaire et pour « le bien de l’Italie ». Mais a-t-il le Parlement derrière lui? Le Cavaliere peut en effet compter sur un soutien garanti de 307 députés, mais, étant donné que la majorité absolue est fixée à 316 députés, il a commencé à négocier avec des parlementaires proches de Fini ainsi qu’avec des centristes, pour obtenir l’appui de 13 députés supplémentaires.

Pour voir cependant si gouverner en étant « séparés sous le même toit » dans un compliqué « ménage à trois » (Berlusconi, Bossi et Fini) est réellement possible, il faudra attendre fin septembre, moment où Berlusconi prononcera à la Chambre un discours programmatique qui sera soumis à la question de confiance. De ce résultat dépendra non seulement l’avenir de Berlusconi mais également celui de toute la droite italienne.

* giorgiacastagnoli@gmail.com