ANALYSES

Les footballeurs togolais victimes des mouvements séparatistes de Cabinda

Tribune
11 janvier 2010
Cabinda se trouve à la frontière du Congo-Brazzaville et de la République démocratique du Congo, à une cinquantaine de kms au Nord du territoire angolais. Faisant partie de l’ancien royaume du Loango, ce territoire fut un protectorat du Portugal à la suite du Traité de 1885 résultant d’un compromis entre le Portugal et l’Etat indépendant du Congo. Le rattachement administratif à l’Angola date de 1956 et son appartenance à l’Angola date de l’indépendance en 1975. Les conflits à des fins séparatistes, entretenus par les pays voisins, avaient eu lieu contre le colonisateur portugais, puis, lors de l’indépendance en 1975, contre le gouvernement angolais. Cabinda a reçu historiquement durant la guerre froide et l’apartheid, l’appui de l’UNITA de Savimbi considérant que « Cabinda n’était pas partie intégrante de l’Angola », et de ses alliés (Mobutu du Zaïre ou Afrique du Sud). Le FLEC a été créé en 1963 à Brazzaville. Les conflits ont duré 30 ans et fait 30.000 morts pour une population évaluée de 600.000 à 800.000 personnes. Le FLEC s’est divisé en plusieurs factions mais a le soutien de la population de Cabinda. L’accord d’août 2006 entre le Flec-Fac et le gouvernement angolais avait conduit à une autonomie relative de cette province et freiné, si ce n’est arrêté, la violence.

Cabinda est considérée par le gouvernement en exil ni comme une enclave, ni comme une province de l’Angola, mais comme un Etat fondé juridiquement, historiquement et géographiquement. Elle a le tort d’être la première réserve pétrolière de l’Angola. Elle représente 60% de la production pétrolière du premier producteur d’Afrique sub-saharienne avec la présence des grands majors notamment Chevron, Shell, Total. On estime que 10% de l’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis provient de ce territoire. Dans ce huis-clos se côtoient 30.000 militaires angolais, des vendeurs d’armes, des compagnies pétrolières et des guérillas clandestines.

Il n’est pas question pour l’Angola de renoncer à la richesse pétrolière, ni à ce territoire. Le gouvernement en exil n’a plus les mêmes appuis qu’avant. Une guerre entre l’Angola et les pays voisins est peu probable compte tenu notamment de la force armée angolaise officiellement alliée du régime de RDC, même si la base de repli des attaquants doit se situer au Congo-Brazzaville. La répression se fera-t-elle dans la violence ? Un nouvel accord sera-t-il signé avec les forces de libération afin qu’elles bénéficient davantage de la manne pétrolière et d’une plus grande autonomie ? Ou les populations de Cabinda resteront-elles les victimes de la malédiction pétrolière et du refus de leurs droits avec certains dommages collatéraux comme ceux subis par les footballeurs togolais?