ANALYSES

Une discussion maritime sino-américaine hautement stratégique

Tribune
22 juin 2009
Le premier est celui des accrochages ayant eu lieu récemment entre bâtiments de l’US Navy et navires chinois. Depuis toujours, les marins et les aviateurs américains patrouillent au large des eaux territoriales de la République Populaire de Chine, en particulier pour y conduire des missions de renseignement électronique et d’étude de la propagation des ondes dans les milieux maritimes.

Un incident grave avait déjà eu lieu le 31 mars 2001, quand un avion de chasse chinois avait percuté et gravement endommagé un avion de reconnaissance électronique américain, forçant celui-ci à se dérouter sur un terrain militaire de l’île de Hainan. L’équipage avait été retenu pendant plusieurs jours et il avait fallu que les Etats-Unis exercent une très forte pression pour débloquer la situation.

Durant ces derniers mois, une nouvelle série d’incidents entre navires des deux nations a eu lieu, le dernier en date ayant vu un sous-marin chinois percuter un sonar remorqué par un destroyer américain.

A chaque fois, Washington affirme que les activités que mènent ses navires ne sont pas hostiles et demeurent conformes au droit de la mer. De son côté, Pékin estime que sa souveraineté s’exerce non seulement dans ses eaux territoriales, mais aussi dans la totalité de la zone économique exclusive. Sa marine progresse très rapidement et est de plus en plus mise à contribution pour faire respecter ce point de vue.

Pour le moment, la portée de ces incidents est restée limitée. Il ne faudrait pas grand chose pour que quelque chose de bien plus grave se produise, qui pourrait devenir très difficile à gérer.

Le second sujet de discussion est celui de l’application de la partie de la résolution 1874 qui envisage l’arraisonnement de bâtiments nord-coréens susceptibles de transporter des armements.

Cette clause a été acceptée avec réticence par la Chine et est considérée comme un casus belli potentiel par la Corée du Nord. L’Administration américaine semble résolue à la mettre en œuvre et a déjà lancé le pistage d’au moins un premier navire suspect, alors que Pékin prône la plus extrême retenue et voit d’un très mauvais oeil les activités de l’US Navy se rapprocher de ses côtes.

Il est pourtant nécessaire de régler cette différence d’appréciation face à ce qui pourrait rapidement devenir un incident grave, en particulier si le bâtiment nord-coréen se réfugiait dans les eaux chinoises.

Pékin et Washington semblent partager une même volonté de ne pas en découdre. Mais leur politique dans les deux domaines précités est basée sur des appréciations assez fondamentalement divergentes. Il ne sera pas facile de trouver des lignes de conduite acceptables par les deux parties.