ANALYSES

Paris 2024 : un an après, où en est-on ?

Tribune
2 novembre 2018
Par Camille Naviner, élève de 3e du collège international de Noisy-le-Grand, en stage d’observation du milieu professionnel à l’IRIS. Tribune codirigée par Fanny Weisselberger, responsable des activités rattachées au directeur, et par Victor Pelpel, assistant de recherche.


Paris a été élue ville hôte des Jeux olympiques (JO) 2024 le 13 septembre 2017 par le Comité international olympique (CIO), lors de sa 131e session à Lima. L’événement se situe à la croisée de différents objectifs qui lient le sport aux problématiques sociales, économiques, environnementales et culturelles. La décision du CIO est venue confirmer un engagement national de long terme. Un an après, où en est-on ?

La fluidité de la circulation en question

Nous constatons quotidiennement des problèmes dans le fonctionnement des transports en commun à Paris et dans la région parisienne. Le comité Paris 2024 s’est donc fixé pour objectif l’amélioration de la qualité et de l’efficacité des trajets. En 2024, des millions de spectateurs, 15 000 athlètes et 25 000 journalistes, sont attendus dans les enceintes sportives franciliennes. Les infrastructures du Grand Paris[1] qui devaient être prêtes avant 2024 pourraient ne pas être achevées à temps. Certains parlementaires dénoncent le manque de réalisme des délais annoncés : la mise en place des lignes 14 à 17, censés desservir à terme les deux aéroports internationaux et le nord-est de Paris, a notamment pris du retard. Lors des JO, le monde entier aura les yeux rivés sur Paris ; il est primordial que les transports en commun, symbole d’une bonne organisation de la ville, fonctionnent parfaitement. De plus, ceux-ci doivent être écoresponsables : Paris a pour objectif le doublement des pistes cyclables d’ici 2020, afin que 70% des spectateurs utilisent prioritairement le vélo.

Des Jeux durables ?

Une autre ambition des JO est en effet l’écologie, le but étant de construire une société plus durable, plus unie, plus ouverte. La protection environnementale en tant qu’objectif de Paris 2024 est soutenue par de nombreuses organisations partenaires, dont WWF[2]. Le village olympique et paralympique envisage d’être exemplaire en matière de développement durable, notamment à travers une utilisation inégalée de matériaux biosourcés, d’énergie verte, d’alimentation durable et de transports propres. Le comité espère ainsi devenir une référence environnementale, les Jeux de Paris 2024 étant les premiers à s’engager dans le cadre de l’accord de Paris[3], en réduisant de 55 % l’empreinte carbone par rapport aux éditions précédentes. Un an après, il est difficile d’en tirer un bilan significatif.

Des Jeux au service d’un meilleur quotidien

Le comité a également pour objectif d’améliorer la qualité de vie en région parisienne. La construction de 50 nouveaux centres sportifs et d’un campus solidaire en partenariat avec l’association Sport dans la ville pour 25 000 jeunes du territoire a déjà eu lieu. Il espère de plus la création de zones de baignade dans la Seine. Mais, ces objectifs sont parfois entravés, comme l’illustrent deux exemples :

  • La participation de nombreux acteurs au projet du centre aquatique risque de doubler la facture initiale (atteignant la somme de 150 millions d’€).

  • La proximité du village olympique avec une « zone archéologique » peut également s’avérer problématique.


Le comité y voit aussi l’occasion de se saisir des enjeux liés au handicap : d’abord, en conférant aux Jeux paralympiques la même visibilité qu’aux JO, par la mise en lumière d’athlètes handicapés et la multiplication de manifestations sportives et culturelles mixant les publics valides et non valides ; ensuite, en offrant les mêmes opportunités professionnelles aux habitants de région parisienne, qu’ils soient en situation de handicap ou non ; enfin, le premier village paralympique 100 % accessible sera créé à l’occasion des Jeux.

Les JO ont également pour vocation de valoriser le sport en tant qu’outil pédagogique à dimension culturelle et de renforcer les liens entre établissements scolaires et mouvement sportif. Des dispositifs sont mis en place par l’État, comme le Réseau Canopé[4] qui, placé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, se fixe comme objectif de « présenter le sport sous un nouvel angle », ou la Semaine olympique et paralympique, qui, chaque début d’année, a pour but de sensibiliser 1 million d’enfants aux valeurs olympiques et paralympiques.

Mobilisation politique et sportive : vers le succès ?

L’ensemble du gouvernement et les 36 000 communes françaises soutiennent le projet. Le budget total est de 6,8 milliards d’€.[5] À l’heure actuelle, le comité a déjà embauché une vingtaine de directeurs et 64 salariés. Il est prévu de créer environ 250 000 emplois dans le cadre des Jeux et de mobiliser au moins 50 000 services civiques durant les sept années pré-JO, afin de développer les actions citoyennes et sociales dans le sport. Le comité Paris 2024 espère que l’engagement des régions et des territoires se prolongera au-delà des Jeux. La baisse actuelle des crédits du CNDS[6] de 50 % et les annonces des coupes dans le budget du ministère des Sports ne sont pas tellement de bon augure…

Pour que la réussite de ce projet soit totale, les athlètes se sont également placés au cœur de l’événement : à Paris 2024, le président, Tony Estanguet (triple champion olympique), et le directeur général, Étienne Thobois (Olympien en badminton), en sont notamment les preuves. Le comité d’athlètes est également un atout mis en avant : coprésidé par Teddy Riner et Marie-Amélie Le Fur (respectivement double-champion olympique et triple-championne paralympique), il est constitué de 24 Olympiens et Paralympiens.

Entre enthousiasme et défiance

L’institut de sondage IFOP a réalisé un sondage auprès des jeunes de 15 à 25 ans (1002 personnes interrogées) : 92% estiment que Paris 2024 est un projet aux retombées positives pour la France, mais seulement 26% s’imaginent aujourd’hui dans un stade. Ainsi, si les jeunes sont enthousiasmés, ils ne se sentent pas encore mis au cœur du projet. Le comité Non aux JO 2024 à Paris s’oppose quant à lui à un projet qu’il déclare inutilement coûteux.

 

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[1] Grand projet urbain d’intégration en Île-de-France.

[2] Fonds mondial pour la nature.

[3] Accord signé en décembre 2015, dont le but est de limiter le réchauffement climatique d’ici 2100.

[4] Qui édite des ressources pédagogiques transmédias à destination de la communauté éducative.

[5] 3,8 milliards financés par le CIO pour l’organisation, les sponsors et la billetterie et 3 milliards financés en parts égales par l’État et les collectivités, d’un côté, et les investisseurs privés, de l’autre, pour la construction des équipements.

[6] Comité national pour le développement du sport.
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