ANALYSES

La diplomatie sportive

Presse
24 septembre 2018
Si l’expression de diplomatie sportive apparait formellement à partir de 1971, illustrée par la « diplomatie du ping-pong » mise en œuvre entre les États-Unis et la Chine, et ayant notamment permis une reprise des relations diplomatiques entre les deux États, ce pan de la diplomatie a, depuis, été très largement diffusé et popularisé.
Avec l’importance croissante prise tant économiquement que politiquement par le sport, nombre d’États ont décidé de développer leur propre diplomatie sportive. Populaire, global, non-partisan, le sport est un formidable vecteur permettant de montrer au plus grand nombre la qualité de sa formation, de ses infrastructures, la richesse et le dynamisme de son territoire, à l’instar de la culture ou encore de l’économie. Conscients de ce formidable potentiel, le Brésil, la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud auront organisé 7 méga-évènements sportifs d’ampleur internationale (Jeux olympiques et paralympiques et Coupe du monde masculine de football) entre 2008 et 2022. Autre exemple aujourd’hui emblématique d’une diplomatie sportive déployée, le Qatar a réussi, au tournant des années 2000, à obtenir une stature internationale et un poids géopolitique croissant grâce au sport avec notamment une stratégie basée sur l’accueil de grandes compétitions, le sponsoring, mais également l’investissement important au sein de club omnisports et notamment le Paris Saint Germain (PSG). L’Azerbaïdjan et dans une moindre mesure le Kazakhstan se sont également illustrés dans ce domaine, mettant la notoriété mais également la popularité du sport au service de leur agenda politique.
Nouvelle forme de soft power, la diplomatie sportive se compose également d’un prometteur volet économique, regroupant à la fois les questions liées aux droits télévisés, au merchandising, au sponsoring mais également à l’ensemble des activités existant autour de l’organisation d’évènements sportifs (logistique, construction, organisation, création etc.). Comprenant l’importance de structurer à la fois son approche mais également de se positionner sur un marché économique exponentiel, la France a, elle aussi, développé, structuré et formalisé une diplomatie sportive qui lui est propre. Bien qu’existante de façon implicite, la diplomatie sportive française est parvenue à se développer, à également être considérée comme un sujet diplomatique à part entière et a notamment abouti en Janvier 2014 à la création d’un poste spécifique d’ambassadeur pour le sport. Né d’une initiative portée conjointement par le ministère des Affaires étrangères et par le ministère des Sports, ce poste s’articule autour de trois axes de travail : développer l’influence française dans le sport, faire du sport une priorité du ministère et de son réseau et enfin intégrer le sport au sein de la diplomatie économique de l’Hexagone. Cette impulsion venant du sommet de l’État a également encouragé l’émergence d’entreprises de toutes tailles travaillant sur les thématiques sportives à la fois d’un point de vue digital, technologique ou encore matériel. Depuis 2010, des incubateurs de jeunes start-ups se développent pour venir apporter des solutions aux nouveaux modes de consommation du sport.

En conclusion, la diplomatie sportive mise en œuvre par les États, en plus d’autres canaux plus « traditionnels », est multiple: vecteur de rayonnement pour un État à l’international, elle est également un volet prometteur et en pleine expansion sur le plan économique.

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