ANALYSES

Ultradroite : des radicalisés connus et « pas difficiles à pister »

Presse
26 juin 2018
Où se situent l’ultradroite et un groupe comme AFO (Action des forces opérationnelles), dans lequel gravitaient les suspects, sur l’échiquier politique ? Quelles sont leurs idées ?

Il y a depuis les années 90, toute une littérature qui prolifère à l’extrême droite et qui théorise l’imminence d’une guerre raciale et son caractère inévitable dû à l’accroissement de la présence des étrangers en France et notamment des musulmans. Cette littérature restait confinée dans un petit cercle mais depuis les attentats de 2015, certains militants, qui ne sont par ailleurs pas les plus jeunes, se sont mis à penser que la situation était mûre pour passer à l’action.
« Ils ont l’idée que l’État est défaillant à protéger les citoyens du terrorisme. Ce sont en plus des gens qui, à un titre ou à un autre ont fait partie de cette communauté des forces de l’ordre et il leur incombe, selon eux, de se substituer à l’État en accomplissant cette mission.

Sont-ils surveillés de près ?

Il y a une recrudescence des coups de filet dans la mouvance d’ultradroite. Les services de renseignements ont toujours pour cible prioritaire les milieux islamistes, les plus radicaux et organisés, mais ils ont aussi un œil sur l’ensemble des autres radicalités de l’ultragauche ou de l’ultradroite. Le fait que les personnes arrêtées dimanche n’en étaient pas au stade ultime de préparation de leurs actions montre que les services de renseignements ont les choses en main. Ils ne sont jamais en dehors du radar car ce sont des gens dont la sécurité informatique n’est pas la priorité majeure : leur site internet est déjà plein d’informations, ils ne sont pas difficiles à pister.

Le militant radicalisé d’extrême droite est-il forcément, comme c’est le cas ici, un père de famille d’une cinquantaine d’années issu des forces de l’ordre ?

Pas toujours, en PACA (lors d’interpellations en octobre 2017) il s’agissait plutôt de jeunes mais les services gardent un œil sur ce profil : ils ont plus de connaissances techniques qu’un militant d’extrême droite moyen qui fait le fanfaron sur Internet et est naturellement moins formé à se servir d’une arme que quelqu’un dont ça a été le métier. Il y a des profils plus dangereux que d’autres comme ceux qui ont eu un entraînement militaire plus poussé, savent manier des explosifs ou ont été en confrontation directe avec les islamistes sur le terrain extérieur : ils ont alors une motivation, un savoir-faire.

La majorité des interpellations ont eu lieu hors de la région parisienne, ces mouvances se développent-elles davantage dans un milieu rural ?

Pas forcément. Il y a, là, une concentration sur la façade atlantique mais le précédent coup de filet concernait plutôt la région PACA et la région parisienne même si, en effet, la majorité des arrestations a pour l’instant lieu en province. Il sera d’ailleurs intéressant à l’issue des gardes à vue de voir si ces gens se rencontraient pour de vrai car le Net est parfois trompeur : avaient-ils des réunions physiques pour planifier les choses ?

Le cas de la France est-il spécifique sur ces questions ?

Non, il y a les mêmes problèmes dans les autres pays et notamment en Grande-Bretagne où le nombre d’actions déjouées est important, en Suède aussi. Et rappelez-vous pendant la campagne électorale italienne un homme avait tué plusieurs migrants. En Allemagne, il y a également des groupes constitués dans la même optique.
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