ANALYSES

Accord nucléaire iranien : « Pour l’ensemble de l’économie française l’impact est minime »

Presse
9 mai 2018
Interview de Thierry Coville - France info
Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien avec un retour de toutes les sanctions. Quel est l’impact économique d’une telle décision ?

Les exportations de l’Europe en Iran, c’est 0,5% des exportations totale de l’Europe. Pour certains secteurs c’est très important. Pour Peugeot c’est un de leurs principaux marchés, pour Total, l’Iran est la quatrième réserve de pétrole et la première de gaz du monde. Mais pour l’ensemble de l’économie française l’impact est minime. Donc, l’impact est plutôt politique. Si les entreprises françaises sont sanctionnées et quittent le marché iranien ça donnera un motif pour les Iraniens pour couper l’accord. C’est ça véritablement l’enjeu.

Le marché iranien n’est-il pas malgré tout prometteur ?

C’est un marché très intéressant pour les entreprises françaises parce que c’est un marché proche, c’est 5 heures d’avion, c’est un marché où il n’y a pas de problème de paiement, c’est un pays très riche, et les besoins qu’ils ont correspondent à nos forces traditionnelles : l’automobile, l’énergie, les infrastructures, l’eau, le BTP, les constructions d’aéroport. C’est vraiment un marché où on a des points forts et c’est pour cela qu’il y a eu un intérêt auprès des entreprises françaises.

Qu’en est-il des entreprises américaines ?

C’est ça aussi l’hypocrisie des Américains, c’est qu’il y a très peu de commerce entre l’Iran et les Etats-Unis. Quand ils mettent en place les sanctions, ils attaquent principalement les entreprises européennes et les entreprises asiatiques. Il y a très peu d’entreprises américaines qui commercent avec l’Iran.

Que peut faire l’Union européenne ?

Il faut savoir qu’il n’y a aucune grande banque européenne, de peur des sanctions américaines, qui est revenue en Iran. Donc, ça pose un énorme problème, parce que dès que le contrat est très important on n’arrive pas à le financer et on n’arrive pas à financer des opérations d’investissement. Donc, ce qui est en réflexion c’est de mettre en place des systèmes publics de financement qui permettraient de compenser l’absence des banques privées. Autre réflexion, attaquer juridiquement, parce que ce n’est pas légal les sanctions extraterritoriale américaine. Il ne faut pas s’habituer à ça, c’est contraire au droit international. L’Europe n’a pas le choix. Si on veut que les Iraniens restent dans l’accord les Européens ne doivent pas accepter que leurs entreprises soient sanctionnées de manière illégale. Il y a des systèmes juridiques pour contrer ces mesures.
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